3 questions à Didier Livio

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Cet article a été publié le : 23 janvier 2013 à 15h09
3 questions à Didier Livio


Suite aux derniers échanges entre les cavaliers et les instances fédérales et à des questions reçues d’adhérents et d’internautes, nous avons pensé poser 3 questions à Didier Livio, Président de France Complet.
J’ai reçu plusieurs messages et appels étonnés sur le silence de France Complet dans la situation actuelle et au sujet de la lettre ouverte des cavaliers. Que leur répondez-vous?
Silencieux ne veut pas dire inactif ! Le plus grand service que France Complet puisse rendre à la discipline, c’est de concevoir de façon participative un plan de développement de la discipline, de le partager et de le gérer en complément du rôle de chacune des grandes institutions de l’équitation en France : la FFE, la SHF et l’IFCE. Notre objectif est qu’en France un jour le Concours complet ait la même importance et la même audience qu’en Angleterre ! C’est possible, il faut pour cela un plan précis sur 10 ans par grandes étapes de trois à 4 ans, beaucoup de solidarité au sein de la filière et l’aide des grandes institutions françaises de l’équitation.
Nous avons beaucoup échangé durant les semaines qui ont précédé la décision de Laurent Bousquet, avec Laurent bien sûr, avec Emmanuel Feltesse aussi. Quand Laurent a pris sa décision, nous avons aussi beaucoup échangé avec le noyau des cavaliers qui se sont mobilisés. Il était légitime que les cavaliers expriment leur mécontentement dans le vide qui s’était créé. Il leur revenait de parler directement de cela avec le président de la Fédération. Chacun était bien à sa place.

Vous parlez d’un plan pour le Concours Complet, quels en seraient les principaux éléments?

Par respect pour les instances de France Complet, pour tous ceux qui se sont investis depuis deux ans dans la construction de ce plan, et pour les institutions avec lesquelles nous avons des discussions, notamment la FFE, je ne souhaite pas en parler aujourd’hui avant que la Fédération n’ait pris ses décisions.

Toutefois, les grands objectifs d’un plan pour le développement du Concours complet sont pour moi les suivants :
– Un plan visant à ce que des éleveurs Français se spécialisent en Concours Complet avec une bonne caractérisation dès l’âge de 3 ans et une filière organisée jusqu’au Haut niveau avec un bon partage de la valeur ajoutée produite au sein de la filière.
– Un plan visant à ce que les cavaliers professionnels du plus haut niveau soit concentrés sur le très haut niveau avec un modèle économique adapté à cela. C’est-à-dire un modèle économique qui leur permette de monter à cheval tous les jours uniquement dans une perspective de haut niveau, et sans être dispersés par quoi que ce soit d’autre, un club, du commerce, etc… Un vrai modèle économique récurrent qui leur permettre de bien vivre de leur talent et de leur sport !
– Un plan visant à construire un véritable réseau d’écuries de compétition en France (plus de 100 en s’appuyant sur le label fédéral), ce réseau est essentiel pour attirer vers le Concours complet les licenciés de la Fédération qui prenne goût à l’équitation. Un réseau d’écuries de compétition est essentiel aussi pour avoir un niveau d’enseignement, d’encadrement, et d’entraînement homogène et de bon niveau sur tout le territoire national afin d’avoir une prestation de qualité et d’élever le niveau à partir de la base. Ce réseau pouvant servir de base à l’émergence de nouveaux organisateurs de concours Jeunes chevaux, amateurs et pros dans de nombreuses régions où il n’y a quasiment plus rien aujourd’hui.
– Un plan de promotion de la discipline, dans les médias bien sûr, mais aussi en hiver avec des opérations comme les cross Indoor, qui doivent rester des opérations de promotion de la discipline.
– Un plan de développement du nombre de propriétaires de chevaux de Complet en développant la Syndication, avec de la communication et des méthodes, pour que des propriétaires non issus du monde du cheval rejoignent massivement le Concours complet.Dans ce climat de défiance entre les cavaliers et les institutions, quelle position tenez-vous?

Depuis la création de France Complet, j’ai la conviction que le Concours Complet ne se développera fortement en France que si :

– une véritable filière professionnelle s’organise de l’élevage au très haut niveau.
– Qu’un plan structuré de développement de la discipline à 3, 6 et 10 ans, construit de façon partenariale soit cofinancé et cogéré avec les 3 grandes institutions de l’équitation. Je sais que la fédération souhaite créer un poste de directeur du Complet qui puisse aider à cela et déléguer certaines missions à l’IFCE : ce sont deux bonnes idées qui faciliteront les dynamiques partenariales sur projets entre la FFE, la SHF, l’IFCE et France Complet.

Pour conclure, dans sa lettre de réponse aux cavaliers, Serge Lecomte a écrit « je ne peux travailler qu’avec des gens qui se prennent en main « , hé bien  justement nous nous sommes pris en main il y a 5 ans sans aucun moyen et sans aucune aide de personne. Nous avons déjà fait beaucoup avec très peu de moyens. Nous avons aussi conçu un plan qui est prêt à être déployé en partenariat et si on nous en donne les moyens. J’attends que la Fédération ait pris ses décisions et j’espère que, puisque nous nous sommes pris en main, nous trouverons à notre tour la main tendue promise par Serge Lecomte aux cavaliers, pour travailler en partenariat avec la Fédération, mais aussi avec l’IFCE, la SHF et les associations de race.
Propos recueillis par Hedwige Favre – Photo Les Garennes