Journées du Complet : une conférence sur l’hébergement des chevaux de sport

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Cet article a été publié le : 11 janvier 2021 à 16h04
Journées du Complet : une conférence sur l’hébergement des chevaux de sport

Ecurie active - photo Horse Stop


Le samedi 23 janvier aura lieu la conférence proposant des « Réflexions sur l’hébergement du cheval de sport », elle sera animée par Ariane Lefèbvre, Arnaud Lallemand, Thierry et Marie-Charlotte Fuss.

Nous avons pu interviewer Ariane Lefèbvre qui nous en dit plus sur ce sujet. 

Pouvez-vous vous présenter ?

« Je suis Ariane Lefèbvre j’ai 25 ans et je suis architecte équestre chez Horse Stop. Depuis toute petite je fais de l’équitation, je suis cavalière passionnée. Professionnellement, j’ai fait une école d’architecture. Durant mon master je me suis spécialisée sur l’architecture équestre et notamment sur le sujet « l’hébergement des chevaux en groupe et les écuries actives ». J’ai rédigé un premier mémoire sur les écuries actives puis j’ai fait mon diplôme d’architecture sur ce même sujet. Cela m’a permis de faire un état des lieux de la situation en France et des avancées dans l’histoire jusqu’à aujourd’hui.

J’ai rencontré Horse Stop quand j’étais étudiante. Lors de la rédaction de mon mémoire je devais interroger des personnes concernées par le sujet. Après mes études, j’ai travaillé un an dans une agence d’architecture où je suis rentrée par le biais du projet d’un centre équestre. Il y a un an et demi, je suis arrivée chez Horse Stop où je suis la seule architecte. Nous ne sommes pas une agence d’architecture mais une entreprise qui vend tout type de matériel d’écurie (clôture, abreuvoir, portes de box, porte d’écurie etc.). »

Pouvez-vous nous présenter Horse Stop et quel est votre rôle dans l’entreprise ?

« Horse Stop est le leader de l’équipement et l’infrastructure équestre en France. Nous existons depuis 15 ans, l’entreprise est constituée de 20 personnes, nous sommes une entreprise familiale. Notre ligne de conduite est de faciliter la vie de nos clients et améliorer le bien-être de nos clients. Nous avons crée un showroom unique en France de 400 m2 avec plus de 60 produits à essayer sur l’architecture et l’équipement équestre où nos clients peuvent toucher et voir les matériaux proche de Valence. Nous avons un terrain de 18000 m2 avec 5000 m2 de stock, tous nos produits sont chez nous dans de très bonnes conditions..

Même nos bureaux sont décorés dans le thème du cheval où nous avons de très bonne condition de travail !  Nous recevons nos clients pour parler de leur projets où pour découvrir le showroom.

Pour ma part, je suis architecte équestre. Nous avons un bureau d’études qui fait notamment des bâtiments en bois. Mon collègue Arnaud Lallemand, éthologue et expert en aménagement équestre, travaille avec moi. Ensemble nous travaillons sur différents projets cela peut être la rénovation ou la création complète d’une écurie et d’un projet global. »

Showroom d’Horse Stop – photo Horse Stop

Pouvez-vous nous parler d’un projet innovant sur lequel vous avez travaillé et vous semble correspondre aux futures attentes de vos clients ?

« Tout d’abord nous avons un nouveau produit innovant cette année : la paroi sociale. Elle permet aux chevaux en box d’avoir des contacts entre eux. C’est un projet en collaboration avec l’INRAE et en partenariat avec IFCE, INRAE et le CNRS. Ces séparations s’adaptent à chaque morphologie équine et offrent au cheval la possibilité de rentrer ou non avec le cheval voisin. Il peut donc ainsi tout en étant dans son box interagir de façon beaucoup plus complète qu’avec un simple barreaudage, avec ses congénères. Elle permet de sociabiliser les chevaux qui sont en hébergement individuel cela aide aussi à l’intégration d’un nouveau cheval. Nous intervenons sur l’étude et la fabrication des produits et en particulier sur ce sujet.

Toutes les écuries actives que l’on fait correspondent aux attentes de nos clients en matière d’innovation. On ne travaille pas que sur les écuries actives, nous faisons également les écuries traditionnelles. »

Séparation Box Social – photo Horse Stop

Selon vous, quelle est la position de la France sur la question des écuries actives et des nouvelles méthodes d’hébergement ?

« C’est beaucoup mieux qu’il y a quelques années ! Aujourd’hui dans notre bureau d’études nous dessinons un à deux projets d’écuries actives par semaine. Cela prend du temps à mettre en place pour des raisons de mentalité, en effet il faut faire comprendre aux personnes que ces méthodes sont bonnes pour les chevaux, cela a été prouvé. Il faut aussi que les personnes acceptent de mettre les chevaux en groupe. L’autre problématique est l’automatisation de certaines taches dans les écuries. Les professionnels sont très attachés au fait de nourrir eux-mêmes les chevaux. Or aujourd’hui il est prouvé qu’un cheval a besoin d’une certaine quantité de ration quotidienne, le cheval a besoin d’avoir son estomac plus souvent plein que vide. Ce n’est pas quand nous sommes disponibles pour donner à manger mais bien quand le cheval veut manger. Or aujourd’hui on ne peut pas donner 12 fois par jour à manger à un cheval. Il y a aussi la question du ferrage, mais ce n’est pas propre à l’écurie active mais plutôt à l’hébergement de groupe et en troupeau. »

Ecurie active du Ponceau – photo Horse Stop

Pouvez-vous nous résumer brièvement votre intervention lors des Journées du Complet ?

« Nous souhaitons appeler notre intervention : « Réflexions sur l’hébergement du cheval de sport ». Nous aimerions que les auditeurs, réfléchissent sur ce sujet. Nous ne voulons pas indiquer ce qui existe déjà mais plutôt montrer les avantages et inconvénients de chaque type d’hébergement en s’intéressant plus particulièrement aux écuries actives. En effet elles accueillent les chevaux en groupes et s’adaptent aux besoins fondamentaux des chevaux, nous parlerons également du curage mécanique qui vont souvent de pair avec les écuries actives.

Ensuite j’aimerais évoquer les avantages et les limites des écuries actives par rapport au cheval de sport : le ferrage, la disponibilité mentale du cheval, le fait d’avoir des chevaux qui sortent souvent du troupeau ou encore les interactions sociales dans un troupe.

Nous aimerons également présenter un projet type d’écurie en 3D qui pourrait correspondre aux attentes des cavaliers de haut niveau qui répondrait à plusieurs questions comme : « Comment travailler l’avenir du cheval en box ou en box/paddock ». Nous allons aussi proposer l’alternative des écuries de sport font vivre des chevaux dans des box par deux ou trois. Nous voulons englober toutes ces méthodes d’hébergement avec à chaque fois les deux mêmes questions : « Comment peut-on améliorer le bien-être au maximum des chevaux en individuel, troupeau ou petit groupe ? » et « Comment gérer le travail des hommes dans ces nouvelles structures ? » »

Vous intervenez pour la première fois aux Journées du Complet, quelle est votre perception de cet événement ?

« J’ai un peu d’appréhension, ce n’est pas facile d’intéresser les cavaliers professionnels de haut niveau. Il faut d’abord avoir la réflexion de comment l’hébergement peut améliorer les performances sportives des chevaux. Il faut également être à l’écoute de ce sujet. Le lien entre la qualité de l’hébergement et la performance sportive est présent. J’espère pouvoir emmener une réflexion aux professionnels du secteur ou du moins ouvrir les esprits sur d’autres méthodes d’hébergement par des solutions qui sont faciles à mettre en place.  Nous souhaitons montrer ce qui peut se faire, et aussi démontrer qu’avoir son cheval seulement en box peut être contre productif pour un cheval de sport. »

Le site internet : ici

Le catalogue 2021 : ici

Le site Ecurie Active : ici


Suite à l’intervention d’Ariane Lefèbvre, Thierry et Marie-Charlotte Fuss prendront la parole pour nous parler de leur expérience qui a vu le jour il y a bientôt un an : Ekiway. La structure est installée au sein de Thomas Ranch à Contigné (49). L’écurie possède un manège, une carrière et plusieurs vastes prés.

Les chevaux de Marie-Charlotte vivent maintenant sans boxe, au pré, en troupeaux ou en paddock et 80% d’entre eux sont déferrés. Un choix et une réflexion faite après plus de 10 ans de compétition de haut niveau. Thierry Fuss est vétérinaire et Marie Charlotte Fuss est cavalière de haut niveau; leurs savoir-faire et expériences ont permis la création de ce projet. En effet l’écurie accueille une quinzaine de chevaux de concours complet sans boxes et avec une alimentation de fourrages à volonté, une première en France et dans la discipline.

Crédit Mélanie Guillamot

Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux nouvelles méthodes d’hébergement ?

« Nous avons toujours eu une réflexion sur l’hébergement des chevaux non seulement pour des questions de bien être animal mais aussi pour des questions pratiques. En effet sur notre site gersois au Haras des Capots nous n’avons pas de personnel pour gérer la dizaine de chevaux qui y sont. Il y a 15 ans lors de sa construction nous avions déjà mis en place des choses que l’on voit un peu plus actuellement tel que les boxes avec paddocks-terrasses voire directement ouverts sur les prairies, des parois modulables… certains boxes s’apparentant finalement à des abris de prairie de plus de 20 m2. Sauf conditions particulières (météo, particularités liées aux chevaux (nous avons 2 étalons, mises bas…) les chevaux sont généralement en prairie et en groupes.
Plus généralement nous sommes attachés à appliquer les 3 piliers de la durabilité (environnemental, socio-éthique et économique) à la filière cheval, cela permet d’envisager son avenir plus sereinement et en prime… cela rend les choses plus simples et plus agréables ! »

Crédit Mélanie Guillamot

Comment et pourquoi avoir créé Ekiway ?

« Pour nos chevaux de compétition jusque là nous avons loué différentes écuries avec un hébergement classique, boxe dominant avec paddock. Nous avons ainsi pu observer le contraste saisissant entre les deux modes d’hébergement, ne serait-ce qu’en termes de temps de travail et de pénibilité.
Par ailleurs la compilation de différentes publications scientifiques et techniques actuelles nous a conforté dans le fait que le boxe n’était pas le seul hébergement à envisager et qu’il cumulait un certain nombre d’inconvénients.
Une opportunité s’est présenté début 2020 avec une structure disposant à la fois d’installations d’entrainement et de suffisamment de paddocks et de prairies pour nous accueillir. Mais même si la bibliographie allait dans notre sens, nous n’avions peu ou pas d’écurie de compétition en complet pour nous guider dans des aspects pratico-pratiques. C’est pour cette raison que nous avons créé Ekiway, pour rassembler des données sur ce sujet ou pour partager et aider ceux qui veulent se lancer. »

Quels principaux changements avez-vous constaté sur les chevaux ? (comportement, physique performance)

« Sans rentrer dans les détails globalement les chevaux sont au moins aussi performants en compétition; en tout cas ils ne sont pas « fatigués » par leur vie au grand air et il semblerait que la récupération soit meilleure (à confirmer sur une « vraie » saison…). A la maison on gagne du temps, pas besoin de « dégazer les plus chauds » ou de « dérouiller » ceux qui ont du mal à se mettre en route; les plus foufous semblent plus rapidement au travail. La plupart des chevaux ont fait leur saison avec une alimentation essentiellement voire exclusivement fourrage (herbe et/ou foin) avec pour certains qui mangeaient avant 10 litres de granulés, un meilleur physique ; même si c’est plutôt lié au volet alimentation la vie au « grand air » doit favoriser la capacité d’ingestion…
Le plus gros changement est… pour les humains, l’essentiel du boulot est d’observer les chevaux et de monter ! »

Propos recueillis par Clémence Guémené