Challenge Coachs Poney & Club – « Mon objectif est de faire performer mes cavaliers » (J.P. Lamy)

Actualité Journées du Complet
Cet article a été publié le : 26 janvier 2023 à 17h53
Challenge Coachs Poney & Club – « Mon objectif est de faire performer mes cavaliers » (J.P. Lamy)

Jean-Pierre Lamy


Les Cavaliers Poneys et Club étaient également de la partie pour le Challenge des Coachs 2022 ! Tout comme les Amateurs, ils étaient motivés et déterminés pour permettre à leur Coach de monter sur le podium. En effet les inscriptions des élèves augmentaient chaque jour. Ils disputaient la première place pour mettre à l’honneur leur instructeur. Nous avons interviewés les trois Coachs victorieux afin de mieux les connaitre et avoir leur avis sur ce Challenge.

Catherine Thomas vainqueur de la catégorie Poney, saison 2021/2022 :

Challenge des Coachs 2022 – Catherine Thomas

  • Dans quelle structure enseignez-vous ?

« J’enseigne à domicile, les gens ont leur poney chez eux et moi je me déplace. J’ai des élèves à Saumur, au Mans et à Avignon, où je vais une fois par mois. »

  • Depuis combien de temps pratiquez-vous le métier de coach ?

« Depuis environ une quinzaine d’année. J’ai eu le BE2, instructeur. »

  • Quels sont vos objectifs en tant que Coach ?

« Emmener tous mes élèves le plus haut possible ! Et pour ceux qui le désirent, essayer d’aller aux Championnats d’Europe et atteindre ces objectifs. »

  • Parlez-nous de vos élèves ?

« Ils ont entre 13 et 15 ans. A l’heure actuelle, j’ai Lola Teulere, Jules Prévaust et Maxime Goutailler, qui vient d’acheter Versailles des Morins, un bon poney qui a fait les Europe. Comme je viens de Saumur, la plupart de mes élèves sont des enfants de cavaliers qui viennent du Cadre Noir. J’ai donc coaché tous ces jeunes enfants jusqu’à qu’ils n’aient plus l’âge d’être à poney. J’ai eu l’enfant de Jean-Lou Bigot, et des enfants de grands cavaliers. Aujourd’hui, Baptiste Morel, l’un de mes élèves, vise les Championnats d’Europe. Il y a d’autres enfants qui me demandent en tant que Coach, mais pour l’instant je n’ai pas repris d’élèves. Travailler aux côtés de ces enfants qui veulent faire du haut niveau demande beaucoup de temps. Il y a des stages, des concours obligatoires, nous sommes souvent en déplacement. Je ne donne pas de cours chevaux parce que je ne peux pas allier les deux. Je suis en concours poney tous les weekend, même si j’ai quelques enfants qui veulent faire le circuit Junior et avec qui c’est envisageable. »

  • Quelles sont vos valeurs en tant que Coach ?

« Tout d’abord de leur enseigner une bonne équitation. Je trouve que c’est « l’école de la vie ». La rigueur, la patience, aimer les enfants et leur donner beaucoup pour qu’ils atteignent leur objectifs. »

  • Un exercice préféré ?

« Sur le plat, les exercices de piste. Nous faisons du trotting, du galop, je les prépare pour le cardio. C’est très bon pour le mental du cheval et des enfants. Le trotting évite qu’ils ne travaillent qu’en carrière. Nous favorisons le travail sur des pistes en sable, il peut y avoir de la route mais très légèrement. Pour le travail d’hiver en CSO, j’aime bien les mécaniser sur des lignes. Nous ne faisons pas de Cross durant cette période. Quand la saison reprend, nous sautons de petits obstacles, des contre-hauts, des sauts dans l’eau, des obstacles de volée. Le reste se déroule en concours. »

  • Qu’avez-vous pensé du principe du Challenge des Coachs ?

« C’est la deuxième fois que je fais ce Challenge. C’est une bonne idée, parce qu’il permet de refléter la réussite des enfants. Les parents prennent plaisir à voir leur enfant s’amuser. Selon moi, il n’y a pas assez de gens qui y participent, ce n’est pas encore assez connu. »

  • Un petit mot pour la fin ?

« Je remercie France Complet d’organiser ce Challenge des Coachs, tous les parents et les élèves qui s’investissent tout le temps alors qu’ils ont tous du travail, c’est compliqué aussi pour eux. Mais tous le monde est motivé pour que les enfants puissent monter à haut niveau. »

Agnès Decrion remporte la première place en catégorie Poney fin 2022 :

  • Dans quelle structure enseignez-vous ?

« Je suis installée à Maison-Lafitte au Haras des Brumes, juste à côté de l’hippodrome. C’est une écurie de propriétaire. J’ai une équipe de chevaux et poneys de Complet. »

  • Depuis combien de temps pratiquez-vous ce métier ?

« Depuis presque vingt ans. J’avais passé le BEES1. »

  • Quels sont vos objectifs en tant que Coach ?

« Apprendre à bien monter à mes élèves. Que leurs performances découlent d’une équitation de qualité. Il ne faut pas viser la performance à tout prix mais essayer d’avoir une belle équitation dans le respect des chevaux. Par exemple si le terrain est dur, je demande à mes élèves de prendre du temps dépassé et de perdre un potentiel classement afin de préserver l’animal. Les enfants sont dans la même optique : bien monter, faire de beaux parcours, et respecter leur cheval. Il en découle généralement par la suite des performances. »

  • Quelle discipline préférez-vous enseigner ?

« Le Cross. On ne fait des entraînements qu’en hiver, une fois que la saison a commencé. Nous nous entrainons une fois par an au Haras de Jardy, où les obstacles de cross sont installés dans la carrière de CSO. Nous allons également à Longvilliers, chez Yves Dufresne, parce que le sol est très bon l’hiver. Nous avons aussi un Spring Garden à Maison-Lafitte, mais nous ne l’utilisons pas l’hiver parce que le sol peut être glissant. Il nous sert toutefois le reste de l’année. »

  • Parlez-nous de vos élèves

« Mes plus jeunes cavaliers poneys ont douze ans. Quand ils débutent ou ont de jeunes poneys, ils font des épreuves classiques (Poney 3, 2, 1, Élite). En ce moment, ça n’est le cas que d’une élève qui a un jeune poney. Mes autres élèves tournent tous en As (As Poney 2, As Poney 1, As Élite). Les Championnats de France ont toujours été un objectif pour les enfants qui concourent en épreuve poney. Nous avons également le Circuit de la Tournée des As. C’est un Circuit de qualité, qui commence en Février et se termine en Novembre. Je ne fais quasiment que ce circuit-là et quelques concours de préparation. Dimanche, je vais à Longvilliers chez Yves Dufresne. Pendant la saison, je fais la Tournée de AS.

J’ai aussi une équipe chevaux, plus grande que celle des poneys. Je donne des cours particuliers, cours collectifs, je coach en concours et en entrainement de Cross. »

  • Quel est votre exercice préféré dans le travail du cheval de Complet ?

« Je n’ai pas d’exercice de préférence. Les élèves doivent avoir une bonne position et les chevaux doivent être droits dans les aides, c’est la clef d’un bon travail. »

  • Quelle attitude doit-on adopter en tant que Coach face aux élèves ?

« Il est important de savoir garder sa place de Coach. On fait le coaching pour les élèves et pas pour soi. On doit être investi dans ce qu’on fait, mais c’est leur compétition à eux. Je fais attention d’adapter mon coaching à chaque élève, puisqu’ils sont tous différents, que cela soit psychologiquement ou techniquement. Par exemple, j’avais deux élèves qui ont fait tout le circuit en Grand Prix cette année, et, que ce soit sur les reconnaissances ou sur les détentes, je ne leur ai pas donné les mêmes consignes. Je monte leur poney la semaine, je les suis en cours, ce sont des poneys et des cavaliers que je connais bien, j’adapte leur coaching de façon personnalisée. »

  • Qu’avez-vous pensé du Challenge des Coachs ?

« Je trouve que c’est une très bonne initiative ! Il crée une passerelle entre le milieu poney et cheval, qui n’est pas toujours évidente pour les cavaliers à poney qui ne connaissent pas forcément le milieu des chevaux. Le Challenge des Coachs leur permet de découvrir France Complet mais aussi indirectement le milieu des chevaux. »

  • Un petit mot pour la fin ?

« Je remercie France Complet d’avoir organisé le Challenge des Coachs et à tout ce qu’ils font pour soutenir le Concours Complet depuis plusieurs années. Je remercie aussi mes cavaliers, leurs parents et les poneys. »

Jean-Pierre Lamy remporte la première place dans la catégorie Club :

  • Dans quelle structure enseignez-vous ?

« Dans le club des Amys. La structure est basée à Fontenay-le-Vicomte et mon centre d’entrainement de cavalier de compétition et propriétaire est à Pringy. »

  • Depuis combien de temps pratiquez-vous ce métier ?

« Depuis 1978. »

  • Quels sont vos objectifs en tant que Coach ?

« Mon objectif est de faire performer mes cavaliers quel que soit leur niveau. Les rendre performants dans le niveau dans lequel ils doivent concourir. L’objectif est ciblé en fonction du couple que j’ai à entrainer, c’est à dire le niveau du cheval et son degré de dressage et le niveau du cavalier et son degré de technicité. Cela me permet de les engager dans une épreuve pour qu’ils performent dans ce niveau-là, puis les faire progresser. Le cavalier doit évoluer en technicité et le cheval en acquisition de réflexes techniques. Mon objectif, ensuite, est de les faire évoluer jusqu’au plus gros niveau. »

  • Parlez-nous de vos élèves

« J’enseigne du Club à l’International. J’ai tout âge de cavalier. En poney, le plus jeune doit avoir douze ans, et ça va jusqu’à trente-six ans et plus pour ceux qui ne pratiquent pas la compétition ou d’une manière occasionnelle. J’ai tout type d’élève et de niveau également. Je dois adapter mes entrainements à mes élèves.

J’ai été pendant huit ans Meilleur Coach de France à Lamotte-Beuvron. J’ai des élèves qui ont couru pour le Championnat d’Europe Poney, ils ont tourné en Grand Prix Poney et j’ai d’autres élèves qui ont couru des 1*, 2* et 3*en Complet. Je suis cavalier des trois disciplines, et mes cavaliers doivent en faire autant : en dressage, en CSO et en Complet, qui est la conjugaison des deux disciplines avec le Cross en supplément. Mes couples dans la période hivernale vont forcément faire du dressage, du CSO et des entrainements de Cross. Je travaille à la maison sur des formats mobiles pour les directionnels sur la carrière et nous décortiquons sur de petites côtes les gestes techniques et les combinaisons que l’on retrouve en concours, de façon à ce qu’ils soient acquis, pour les développer en compétition à vitesse réelle. »

  • Quelles sont vos valeurs ?

« La première notion du coach est d’avoir une bonne acquisition technique dans le niveau qu’il doit enseigner, de façon à ce qu’il puisse détailler et enseigner en fonction de la capacité d’absorption de son élève. Le coach doit être en mesure d’enseigner la technicité en fonction du cheval et du cavalier. Les exercices demandés sont quasiment les mêmes dans tous les niveaux, le coach doit être en mesure de récompenser et corriger ses élèves en fonction du niveau qu’ils ont. Sur un exercice comme l’épaule en dedans, le cavalier du niveau 5* n’aura pas les même corrections apportées à son exercice qu’un cavalier de Club 2. Pourtant, le cavalier de Club 2 a le droit de savoir ce qu’il fait de bien en fonction de son niveau. Le coach doit être aussi en mesure de doser son exigence, récompenser ou ajuster les gestes, aussi bien sur les connaissances du cavalier que sur les capacités du cheval, ce qu’il a en information dans son « disque dur ». »

  • Quel est votre exercice préféré pour travailler un cheval et un cavalier de Complet ?

« Travailler la disponibilité du cheval dans les exercices demandés. Le Complet est une discipline à part, ma base de travail est la position du cavalier. Elle est plus importante dans notre discipline que dans les autres disciplines parce qu’elle ne doit jamais être figée. La fixité du cavalier lui permettra d’absorber différents profils d’obstacles et différents gestes du cheval. L’Académie Française, grâce aux écris de ses grands Écuyers, l’appelle « l’assiette », ce que je défini humblement comme la fixité en mouvement. En dressage, on a une attitude posée, en CSO une attitude d’accompagnement parce que les profils d’obstacles se ressemblent. En cross, par contre, nous avons différents profils d’obstacles, contre bas, contre haut, panoramique, saut d’un trou, passage d’eau, saut dans l’eau, donc nous avons différentes attitudes à avoir en fonction du profil que nous allons avoir à sauter. Et donc la stabilité du cavalier lui permet d’absorber ses différents sauts. Plus nous sommes stables, plus nous sommes en mesure de sentir les choses et donner précisément des indications au cheval sans mouvement intempestif. C’est ce qui fait la qualité de la réponse du cheval : plus la demande sera précise, plus le cheval sera en mesure de la comprendre rapidement. Et nous, en Concours Complet, quand nous sommes lancés entre 480 et 570 mètre minute, la réponse à la demande doit être immédiate. Plus nous sommes stables, plus le cheval comprend vite et peut répondre à l’indication que nous lui donnons pour exécuter l’exercice ou le saut. C’est ma philosophie de travail. J’ai été formé à Saumur, j’ai eu la chance de baigner dans cette quête de fixité. J’étais sous la couverture de Christian Carde à l’époque et j’ai eu l’occasion de m’imprégner des qualités fondamentales de cette belle équitation française. La démocratisation de l’équitation ne doit pas atténuer cette base de travail. »

  • Qu’avez-vous pensé du Challenge des Coachs ?

« Très belle idée, au fur et à mesure le principe va se faire connaître. Il va inciter les coachs à prendre des adhésions et également solliciter leurs cavaliers à le faire, car seuls les adhérents peuvent faire comptabiliser leurs résultats. Le principe du Challenge motive les élèves et fait moteur dans le cadre de la même écurie. Les élèves donnent les points aux coachs pour le faire monter dans le classement. C’est positif dans tous les sens du terme pour l’association France Complet. Parce que ça incite les non adhérents à adhérer pour contribuer au classement de leur coach, et pour les cavaliers qui pratiquent une autre discipline, qui peuvent être motivés eux aussi à rapporter des points à leur coach et donc s’orienter et découvrir le Complet. »

  • Un petit mot pour la fin ?

« Bien sûr, je remercie tout d’abord mes chevaux, parce qu’ils n’ont rien demandé et acceptent de jouer avec nous. Je remercie aussi les parents qui veulent bien me confier leur enfants et les cavaliers qui veulent bien accepter la rigueur de mon enseignement. »

Bravo aux Coachs victorieux et à leurs cavaliers ! Nous remercions les Coachs pour leur sérieux et les élèves pour avoir joué le jeu. Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine. Êtes-vous prêt à relever le défit pour 2023 ?

 

Victoire Lamblin