Obstacles de cross : la pointe, par Jean-Lou Bigot
Une nouvelle saga sur France Complet!
Cette semaine, des professionnels vous présenteront des obstacles de cross particuliers : leur histoire, leurs caractéristiques, comment les aborder et les préparer correctement… Jean-Lou Bigot, cavalier olympique, inaugure cette nouvelle série avec la fameuse « pointe ».
Aujourd’hui âgé de 45 ans, Jean-Lou a connu l’apparition de la pointe dans les parcours de cross. En effet, il s’agit d’un obstacle assez jeune, puisqu’on a commencé à le trouver sur les parcours dans les années 1990 seulement.
« Aujourd’hui le cross, c’est surtout savoir sauter des directionnels. La pointe rentre dans cette catégorie d’obstacles, mais elle a ses caractéristiques spécifiques. Il faut savoir que les directionnels ont été introduits assez récemment et progressivement dans les parcours de cross.
A l’origine, il n’y avait pas de plancher au milieu de la pointe, ce qui donnait lieu à des chutes spectaculaires. Progressivement, la sécurité a été renforcée sur cet obstacle : le plancher est apparu et on en trouve de plus en plus maintenant qui ont une petite haie devant pour casser le plancher et faire comprendre au cheval qu’il s’agit bien d’un obstacle et non d’un contre-haut. De ce fait, on voit de moins en moins de chevaux qui posent les pieds dessus, ce qui n’est pas plus mal. Personnellement, ça m’est arrivé plusieurs fois, mais c’est quand même mieux quand ils ne le font pas!
Karim Laghouag à Tartas
Avant de sauter une pointe, il faut d’abord que le couple soit familiariser aux directionnels simples et aux sauts de biais. C’est un obstacle qui demande beaucoup de direction mais aussi de l’impulsion puisqu’il est large. Avant, les directionnels n’étaient pas très gros, on pouvait les sauter de pied ferme si le cheval s’arrêtait. Maintenant, ce n’est plus possible. Le piège classique, c’est justement de trop ralentir pour contrôler la direction, c’est pourquoi on ne trouve quasiment plus de pointe en obstacle simple. Elle est souvent en 2è ou 3è élément d’une combinaison, avec une distance un peu longue pour obliger les cavaliers à garder du galop. Par contre, elle évolue maintenant où elle est presque dérobante des deux côtés. Il faut être d’autant plus vigilant et avoir un cheval bien en ligne sur ses deux rênes.
Sa construction est très importante, elle nécessite beaucoup d’attention. Si on n’a pas de spring garden avec une pointe déjà toute faite, on peut en fabriquer une dans la carrière, mais il faut absolument respecter trois critères essentielles. Il faut que l’obstacle soit massif (barres larges et colorées, gros soubassements, etc.), avec beaucoup de pied. L’idéal est d’avoir aussi des fanions inclinables pour encadrer, mais si on en n’a pas, il faut les remplacer par des tuyaux d’arrosage, des gaines de câble électrique, ou quelque chose de souple dans ce genre là. Dans tous les cas, il faut quelque chose pour matérialiser les fanions de chaque côté. On trouve souvent en compétition des petits sapins pour l’encadrement, ça peut aider avec les jeunes chevaux. En fonction du niveau du couple, on peut l’installer en bas d’une descente ou en dévers comme on en trouve en compétition à haut niveau.
La pointe nécessite aussi une préparation mentale importante. Ce n’est pas le genre d’obstacle qu’on saute tous les jours! A l’entraînement, avant de la sauter, il faut d’abord la montrer au cheval, lui laisser le temps de se familiariser avec cette pointe. Et dès la détente, il faut commencer à sauter des obstacles naturels (petits troncs, fossés, etc.), pour que le cheval comprenne bien qu’il va faire du cross et non du CSO.
Au début, il vaut mieux faire une séance trop facile et réussir, que trop dur et échouer. C’est plus éducatif et il faut à tout prix éviter que le cheval dérobe sur cet obstacle! Dans les niveaux Amateurs, la pointe doit être facile (angle pas très ouvert, bon encadrement…). Si le cavalier a fait une bonne préparation, il ne doit pas normalement être pénalisé sur cet obstacle. »