Lettre mensuelle de Laurent Bousquet
« Nous devons progresser sur le dressage et le CSO »
Laurent Bousquet, l’entraîneur de l’équipe de France de complet, ne pratique jamais la langue de bois, il ne se cache pas plus derrière son petit doigt. Il accorde aux cavaliers engagés à Lexington et Badminton la mention bien. Avec, tout de même, cette annotation : tous peuvent progresser, notamment sur le plat. Entretien.
Un petit retour sur le parcours de Stanislas de Zuchowicz, à Lexington ?
Stanislas avait ce besoin de se rassurer. L’an passé, ici-même, il était tombé sur le cross. Il nourrissait quelques doutes quant à la conduite de son cheval, à le contrôler sur le cross. Aujourd’hui, il a effacé toutes ses appréhensions. Certes, il s’est un peu perdu sur le parcours et en a concédé du temps. Mais, son objectif demeurait de réaliser le sans-faute. C’est fait aussi. Il signe également le parcours parfait en saut d’obstacles. Maintenant…
Un doute ?
Non, mais c’est clair et je le lui ai dit : la prochaine fois, il faudra appuyer sur le champignon.
Un petit mot sur ce déplacement aux Etats-Unis ?
J’ai été très impressionné par la qualité du site. On n’en avait parlé, mais je ne l’avais jamais constaté de visu. Et je tenais donc à faire ce déplacement, ce voyage de repérage dans l’optique des Jeux Mondiaux, en octobre prochain. Les chevaux étaient très bien logés et le Kentucky Parc est vraiment un Eden pour le complet. Des infrastructures comme l’on n’en connaît pas chez nous, en France. La qualité de la piste du cross, de la carrière principale, pour le dressage et le saut d’obstacles, est irréprochable. Tout est magnifique.
Un petit mot sur le parcours de cross ?
Un terrain très vallonné. Un vallonnement sans doute assez doux mais permanent. Les chevaux ne sont quasiment jamais à plat. C’est un enseignement à prendre en compte pour la sélection.
Badminton : « Continuons à voyager »
Tout aussi heureux de votre périple à Badminton ?
Globalement, je ne peux qu’être positif dans mon analyse. Les deux couples français (Benjamin Massié et Pascal Leroy) se sont vraiment très bien comportés sur le cross. Ils ont même fait grosse impression au regard de leurs adversaires. Et ce cross n’était vraiment pas coton à dérouler. Par contre.
Des réserves ?
On s’aperçoit tout simplement que pour être réellement compétitif à ce niveau là, il y a encore du boulot : aussi bien sur le saut d’obstacles qu’en dressage. Ceci dit, quand on sait qu’un cheval a un cross de quatre étoiles dans les jambes, c’est plus facile de gérer le saut d’obstacles et le dressage que l’inverse.
La faute en revient à qui ?
Les cavaliers français travaillent sur le plat. Mais, en l’espèce, c’est une faute collective. On doit, ensemble, remettre constamment le métier sur ces deux composantes du complet moderne pour être réellement compétitif.
Ce qui revient à dire ?
Etre compétitif, c’est d’entrer dans les dix premiers. C’est bien de signer des performances sur le cross, c’est même l’essentiel, mais maintenant il faut que nous soyons meilleurs en dressage et que nous arrivions à signer des tours de saut d’obstacles sans faute. On ne doit pas se cacher derrière son petit doigt. Très performant sur l’épreuve de fond, Benjamin Massié a tout de même été trop juste en dressage à un tel niveau. Enfin, comme Pascal Leroy, il fait tomber des barres à l’hippique. Je le répète donc, on peut être positif dans l’analyse, mais il y a encore du boulot pour que l’on devienne compétitifs.
Une question et une réponse libres ?
Les enseignements que j’ai pu tirer de ce début de saison confortent ma conviction. Nous devons multiplier les voyages à l’étranger pour y disputer des épreuves de très haut niveau. Le sas indispensable pour aguerrir et façonner nos couples. Pour tous les cavaliers en devenir c’est pratiquement vital.
A suivre : « La sélection pour les Mondiaux reste très ouverte. »
Recueilli par Guy FICHET.