Martin Haméon au Mondial du Lion (2ème partie)
Martin Haméon et Rose de la Péhurie font donc partie des 12 couples Français sélectionnés pour le Mondial dans les 7 ans. Après avoir découvert lundi qui était Martin, nous nous intéressons aujourd’hui à sa jument, Rose, et
à leur préparation de l’échéance qui approche !
Vos deux chevaux portent l’affixe « Péhurie » : quel est votre lien avec cet élevage ?
« En 2008, nous avons acheté du terrain à Verrie pour construire le Haras des Cèdres où nous habitons aujourd’hui. Pendant ce temps, nous avions nos chevaux en pension pas très loin dans une petite écurie de propriétaire. Il y avait un jeune cheval dans les écuries que Carole a très vite repéré pour son potentiel : c’était Spartacus. Nous avons appris qu’il était à vendre ainsi que les autres chevaux du même élevage, car l’éleveuse, Hélène Mousset, avait de gros problèmes d’argent et allait arrêter son activité. Nous avons acheté un lot de 3 chevaux : Spartacus, Rivière et Rose. Rose avait plutôt des origines de dressage et devait être à la base pour Carole tandis que moi j’avais Spartacus qui avait un gros potentiel en Complet. Quant à Rivière, elle a par la suite été vendue à une cavalière de dressage. Ce fut une belle rencontre avec Hélène, qui se séparait avec grand regret de ses chevaux qu’elle adorait. Nous sommes restés en contact avec elle et elle sera au Lion d’Angers pour voir sa jument courir ! »
Parlez-nous de Rose. On sait que c’est une petite jument noire, fille du Hannovrien De Niro, mais à part ça, comment est-elle ?
« En fait, elle n’est pas si petite (elle toise 1m67) mais moi je mesure 1m85 donc c’est ce qui donne cette impression. Elle est très fit, taillée un peu comme un pur-sang. Quand elle était jeune, elle était très caractérielle. C’est Damien Morille qui l’a débourrée mais même après le débourrage, je ne compte pas les séances de rodéo que j’ai dû endurer ! A 4 ans, nous l’avons fait essayé à Didier Dhennin (elle n’a pas été plus sympa avec lui) qui nous a dit qu’elle n’était pas prête à faire du concours. Ça m’a vexé, du coup je suis parti en extérieur et j’ai fait une séance de mise en avant. Je n’ai rien lâché pendant ½ heure et depuis ce jour, elle ne m’a plus jamais embêté ! Ça l’a déclenchée et 3 semaines après, nous avons pu lui faire faire son premier concours sans problème. Mais elle a quand même gardé son caractère de jument, elle n’est pas très aimable au box ! Par contre montée, nous avons une vraie complicité. C’est notre point fort !
Rose n’est pas une grosse mécanique, elle n’a pas de vrais points de force, ni une technique de saut très styliste. Quand elle était jeune, elle était très rigide, et l’essentiel du travail a été de l’assouplir. A vrai dire on a longtemps cru qu’elle ne ferait pas grand-chose ! Mais sa grande qualité, c’est que lorsqu’elle arrive en concours, et encore plus sur un terrain qu’elle ne connaît pas, elle se fait belle, elle se transcende. Du coup, avec sa robe noire et son modèle harmonieux, elle plaît beaucoup aux juges de dressage ! Au Haras du Pin par exemple, j’étais à seulement 4 points de Michael Jung et Rocana après le dressage. Sur le cross elle nous a toujours surpris, elle a franchi tous les paliers avec beaucoup de facilité. Elle est très rapide entre les obstacles et revient très facilement donc c’est un vrai plaisir à monter ! Des fois, sa qualité de saut me fait un peu peur, car elle a les genoux toujours un peu sous elle. Mais pour l’instant il n’est rien arrivé de fâcheux donc je pense qu’elle sait ce qu’elle fait. En tout cas, elle a une très bonne tête, elle aime vraiment ça ! »
Comment allez-vous vous préparer pour cette compétition ?
« Je n’ai jamais couru de CCI** avec une telle distance. Je vais donc travailler la condition physique de la jument. J’ai prévu quelques galops, j’en ai déjà fait un la semaine dernière. Samedi, j’ai fait un parcours de CSO sur 1m15 pour qu’elle reste dans le coup. Mais on ne va rien révolutionner en quelques semaines, le CSO va surtout se jouer sur le mental le jour J. Ce que nous allons surtout préparer, c’est le dressage, car c’est là qu’on a vraiment des points à gagner. J’ai du mal à me situer avec la concurrence qu’il y aura mais je pense que c’est réalisable de terminer dans les 20 premiers du dressage. Et nous allons aussi tout faire pour qu’elle se sente bien dans sa tête et dans son corps.
Quant à moi, au début de la saison j’étais très essoufflé à la fin de mes parcours mais maintenant, j’ai réussi à trouver mon rythme de respiration et je suis beaucoup plus à l’aise. Ce qu’il faut surtout c’est que j’arrive à rester concentré jusqu’au bout. Après, peu importe le résultat, du moment que je fais de mon mieux, nous n’aurons rien à regretter ! Ce sera au pire une expérience incroyable, et au mieux… nous verrons ! »
Et pourquoi pas retourner au Mondial l’an prochain avec Spartacus… ?
« C’est certain que le Mondial du Lion sera mon objectif de saison 2013 avec mon deuxième cheval, car il faut toujours viser le plus haut possible ! Il a fait un très bon concours à Pompadour cette année et a en effet beaucoup plus de moyens que Rose. Cependant, il est aussi plus difficile. Il peut être très bien pendant 3 semaines et puis d’un coup j’ai l’impression de remonter sur un 3 ans à peine débourré ! J’appréhende aussi la vitesse avec lui car il n’est pas très malléable, donc à 550 m/mn, je risque d’être trimballé. Cependant, il nous surprend beaucoup en ce moment, il fait de gros progrès sur le plat avec Carole et je le ressens beaucoup quand je le monte. Donc nous verrons si ce sera un objectif sérieux l’an prochain. De toute façon, la chose la plus importante, c’est que nos chevaux aillent bien et qu’on se fasse plaisir. Le reste, ce n’est que du bonus ! »
Propos recueillis par Hedwige Favre