Les astuces de Julie Vigeanel : la crinière (1ère partie)
Julie Vigeanel reprend son clavier pour vous donner ses conseils de groom professionnel afin de bien réussir vos pions et donner à votre cheval l’allure d’une star internationale ! Aujourd’hui, elle traite d’abord de la préparation de la crinière et abordera la technique plus spécifique du piontage la prochaine fois.
« En concours complet, votre cheval doit être natté pour le dressage (ce n’est pas une obligation mais c’est toujours mieux). Pour avoir des « pions » réguliers et de même grosseur, il faut une crinière régulière. Pour cela, je travaille la crinière en deux temps :
d’abord l’épaisseur, ensuite la longueur.
Vous aurez remarqué qu’elle est naturellement moins épaisse vers le garrot, et vers la têtière, et bien fournie au milieu. Il ne faut donc pas arracher autant de crins au milieu, que sur les bords.
Tout d’abord, pour travailler l’épaisseur, je prends un peigne et une petite pince à cheveux. Je fais une séparation comme si j’allais la natter et je bloque le reste de la crinière avec la pince. Si la mèche est trop épaisse, j’arrache quelque crins au peigne, ou aux doigts, afin de désépaissir. Attention de ne pas faire un trou, cela se verra au moment de faire les pions !
J’enlève ma pince, je refais une séparation de même largeur que la précédente, et je remets la pince pour bloquer les autres crins. Je prends la mèche entre mes doigts, et j’évalue l’épaisseur. Si c’est plus épais que celle d’avant, j’arrache un peu, sinon je n’y touche pas. Si, étonnamment, elle semble être moins épaisse, vous pouvez revenir à la première. Et ainsi de suite, pour obtenir une crinière de la même épaisseur de haut en bas.
Ensuite, je travaille la longueur avec des ciseaux à crans (également appelé ciseaux à désépaissir), que l’on peut trouver en animalerie ou chez votre coiffeur. Je coiffe la crinière, mon cheval à son encolure un peu plus haute que l’horizontal, et je passe mes ciseaux à l’endroit où je pense avoir une bonne longueur. Certains préfèrent une crinière bien courte, d’autres un peu plus longue, il n’y a pas vraiment de longueur type. L’essentiel est de pouvoir, quand on fera les pions après, pouvoir plier la tresse en 3.
Comme ce sont des ciseaux à crans, il restera des crins plus longs. Vous arracherez ces derniers aux doigts. Pensez à suivre, comme pour la tonte, l’arrondi de l’encolure. Vous obtenez alors une crinière qui retombe avec le poids des crins.
Vous pouvez couper les crins abîmés par la couverture, au garrot, et couper le passage de têtière. Attention de toujours couper à rebrousse poils !
Certains chevaux n’aiment pas du tout qu’on leur fasse la crinière : ils se contractent, mettent leur tête le plus haut possible et ça devient impossible de faire une belle crinière ! Minndar est comme ça et il n’y a malheureusement pas de solution miracle. Cependant, on peut essayer quelques trucs pour leur rendre ce moment moins pénible. Pour commencer, j’évite l’hiver de leur imposer cela et me contente des ciseaux puisqu’il n’y a pas besoin de pionter après. Ensuite, quand il faut vraiment désépaissir, évitez absolument d’arracher des grosses touffes car cela leur fera encore plus mal. Enfin, si on a le temps de le faire, on pourrait tous les jours, ou en tout cas très très régulièrement, en elever un petit peu à chaque fois, avec les doigts. A la longue, ils finissent par comprendre l’usage du peigne et anticipe la crispation dès qu’on l’approche de leur encolure, donc si on peut éviter de le sortir, c’est mieux.
En ce qui concerne le toupet, je n’aime pas arracher les crins car c’est plus sensible à cet endroit. Je coupe généralement soit aux ciseaux, quand le toupet est bien fourni, soit aux ciseaux à crans.
Petite astuce : pour avoir un toupet plus épais, faites le passage de têtière assez en arrière des oreilles, et ramener les crins au fur et à mesure de la pousse.
Enfin, rentre bien sûr en ligne de compte les préférences de chacun, et surtout les possibilités : Coronado a une crinière difficile, très fine et des crins en « baguette ». Il m ‘était impossible de suivre le protocole décrit plus haut ! C’est Ramsa, avec sa crinière de poney, qui m’a fait utiliser cette méthode.
Notez donc que la qualité de vos pions sera déterminée par la qualité de votre crinière ! »
Julie Vigeanel