Rodolphe Scherer accueille l’équipe Indienne

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Cet article a été publié le : 18 septembre 2013 à 9h02
Rodolphe Scherer accueille l’équipe Indienne


Après Marie-Christine de Laurière avec l’Equateur, c’est Rodolphe Scherer qui s’occupe de l’équipe Indienne

de Concours Complet. Six cavaliers et leur chef d’équipe sont venus s’entraîner pendant deux semaines au Haras du Presnes pour progresser auprès du cavalier Olympique. Une preuve que le savoir-faire Français a encore de beaux jours devant lui !

Comment avez-vous été mis en relation avec cette équipe ?

« J’ai déjà accueilli un Indien de l’armée, qui est un peu le DTN de leur Fédération équestre, chez moi, par le biais d’une amie qui est partie vivre là-bas. J’étais aussi allé en Inde faire travailler quelques personnes. Dernièrement, la Fédération Indienne a fait passer un appel d’offre pour que l’équipe de Complet puisse venir s’entraîner 12 jours en Europe. Traditionnellement elle travaillait avec l’Australie, mais elle souhaitait changer car c’est quand même en Europe qu’il y a les meilleurs cavaliers de Complet. La personne de la Fédération m’a demandé de présenter mon dossier. Comme le délai était très court, il fallait être très réactif et j’ai pu obtenir l’appel d’offre. »

Quels sont les objectifs de l’équipe ?

« En fait, avec la montée en puissance de la Chine, du Qatar, etc. en Concours Complet, le niveau augmente très vite et l’Inde s’est rendue compte qu’elle n’était plus au niveau de ses principaux concurrents. Du coup, la Fédération s’est posé la question : est-ce qu’on abandonne ce sport ou est-ce qu’on se donne les moyens de se remettre à niveau ? Elle a finalement opté pour la 2ème option en se fixant de vrais objectifs à long terme.

Dans un premier temps, il s’agit de préparer les Jeux Asiatiques à Séoul en septembre 2014. Ils se courent sur un CIC* et il y aura justement des nations fortes comme le Japon, la Chine, etc. Les Jeux de Rio sont un de leurs objectifs, mais plus pour dynamiser l’équipe que pour vraiment y participer. On part de loin, l’équipe ne sera certainement pas prête mais le fait de se booster pour l’atteindre permettra d’être au niveau pour préparer vraiment les Jeux Olympiques suivants. Les Jeux de 2020 sont le réel objectif à long terme. L’idée est donc d’amener quelques cavaliers à venir se perfectionner en Europe pour qu’ensuite, ils puissent permettre de relever le niveau en Inde en créant une bonne dynamique. »

Quel est le niveau de l’équipe actuellement ?

« Ils ont un niveau 1 étoile. Ce sont tous des militaires, ils sont donc très disciplinés, attentifs… Ils ont d’ailleurs bien progressé chez moi en 15 jours. Ils ne sont pas maladroits, mais n’ont pas vraiment conscience des bases du travail d’un cheval. Ils travaillent les figures de la reprise de dressage, ils sautent, ils enchaînent des parcours, mais ne savent pas encore comment construire un cheval, comment l’assouplir, améliorer son style à l’obstacle, etc. L’inconvénient, c’est que dans leur pays, ils sont entre eux et ne peuvent pas se confronter à une concurrence sérieuse. J’ai profité qu’ils étaient là pour leur faire regarder les Championnats d’Europe de Malmö, les emmener en concours à Vezins avec des chevaux que je leur ai prêté, etc. Cela leur a fait du bien ! Par exemple, il y en a un qui me disait : « Je bouge, mais c’est parce que je suis grand ». Je lui ai fait regarder le cross de William Fox-Pitt, qui mesure 15cm de plus que lui, pour lui prouver que la taille n’est pas incompatible avec la fixité. C’était très enrichissant ! »

Est-ce qu’il y a des concours Complet en Inde ?

« Il y en a mais 5 ou 6 par an, avec très peu d’épreuves différentes. Il y a un niveau pour les novices, qui équivaut à peu près à une C, et après on passe directement à des internationaux 1 étoile. »

 

 

Quelle cavalerie ont-ils dans leur pays ?

« Ce sont principalement des chevaux Allemands, mais ils ont aussi quelques Pur-sang. Les Allemands sont partout dans le monde, mais ils ne vendent pas leurs meilleurs chevaux à l’étranger. On va peut-être pouvoir inverser la machine. L’idée est que les cavaliers s’équipent d’environ 25 chevaux d’ici l’an prochain. La moitié resterait en Europe et l’autre moitié irait en Inde. Ce serait l’occasion de leur vendre des chevaux Français. Ils ont également fait venir des étalons et des semences pour développer un peu leur élevage. Les chevaux sont bien entretenus, mais comme les cavaliers ne savent pas vraiment comment les travailler sur le plat, ils manquent un peu de construction. »

Le mot de la fin ?

« Nous sommes encore en discussion, mais c’est quand même bien parti pour qu’ils reviennent régulièrement chez moi. Je suis très heureux de cette opportunité car c’est très agréable de les faire travailler. »

 

Propos recueillis par Hedwige Favre