Karim Laghouag est un philosophe, un bon réserviste
Havenir d’Azac a passé une visite vétérinaire favorable. En conséquence, sur proposition de Laurent Bousquet, Karim Florent Laghouag devient remplaçant en CCE pour les Jeux Mondiaux de Lexington. Il sera au stage de préparation à Deauville.
Karim Laghouag est un garçon un peu doux-dingue aux idées aussi claires que ses yeux, 35 ans, belle gueule. Quelques minutes après une épreuve de dressage et son passage devant les juges, un cross, il se change dans les écuries, sourit, part faire un tour de moto, une séance photo, répond avec le sourire aux journalistes, honore ses fans. Ce garçon croque sa vie de cavalier à pleines dents, détonne dans le milieu pour son parler vrai. Il dit ainsi de son entrée dans l’équipe de France, comme remplaçant, pour les Mondiaux de Lexington.
» Cela fait plaisir, c’est une belle surprise. Je ne m’y attendais pas au vu le cross que j’ai réalisé au Pin, dernier galop de sélection. »
Il sourit, voire éclate de rire. « J’ai eu la fâcheuse et malencontreuse idée d’effectuer un mauvais saut sur le gué, là où se trouvait, au même moment, Laurent Bousquet. C’est dire. »
Puis, lui qui caresse inlassablement le rêve de podiums, le très haut niveau, lui qui fait tout pour tambouriner constamment, le poing serré, aux portes de l’équipe nationale, devient sérieux.
« Je ne mets pas une pression inutile, j’entends laisser les choses se dérouler comme elles le doivent. Je ne me fais pas plus d’illusions de peur de connaître une grosse désillusion. »
Karim veut rester à sa place. Il le clame très haut. « Je suis remplaçant et je remplirai le rôle comme il se doit, en jouant la carte de l’équipe. Sachant pertinemment que le rôle de titulaire ne pourrait m’échoir qu’en cas de pépins physiques d’un des chevaux des copains. Je ne le souhaite à personne. »
« On se retrouvera à Pompadour »
Il rejoindra donc Deauville, ce mercredi, avec ce bel esprit chevillé au corps, son tempérament feu . Avec ce réalisme qu’il l’habite pour reconnaître qu’il ne doit en partie cette ascension qu’aux propriétaires qui lui font confiance. « Ceux à qui je devrais, dans la logique des choses, rendre la pareille, en disputant la semaine de Pompadour (programmée à la veille du départ pour les Etats-Unis) pour essayer de mettre en valeur leurs jeunes chevaux. » Et qui sait, se qualifier pour Le Mondial du Lion-d’Angers. « Le Mondial, c’est un peu mon porte-bonheur. C’est un truc de fou. J’adore les gens, la foule. C’est grisant, ça va vite, ça me dynamise. Tu en prends plein la figure ici. »
Et il revient au moment T, à cette sélection, pour parler d’Havenir d’Azac. « Ces derniers temps, je l’ai beaucoup travaillé sur le dressage. » Et il se marre, une nouvelle fois. « Tu imagines ! Au Pin, en passant en n°2, derrière Arnaud Boiteau et Expo, je termine dans les mêmes points. Alors qu’il n’y a pas si longtemps Arnaud me mettait une tôle sur le carré vert. » Tout cela pour dire, que son crack s’est bonifié, et l’a démontré tout au long de la saison, sur cet exercice si délicat, pour mettre son cavalier en bonne place d’outsider sur un concours. « Et comme Havenir d’Azac reste un bon galopeur, qu’il excelle sur le cross, c’est très encourageant. Il a seulement besoin d’être un peu plus gymnastiqué après ce travail foncier que je lui ai imposé. Avec le staff fédéral, je m’y emploierai à Deauville, sans objectif précis comme je l’ai déjà dit, mais avec cette chance et le bonheur d’apporter encore un plus au cheval. »
Après ? « On se retrouvera à Pompadour, en ayant souhaité bonne chance aux copains. Heureux d’avoir pleinement vécu cette aventure en Bleus. »
Mais qui sait ?
Guy Fichet