Billet de Vincent Erder
» Voilà 20 ans que je n’avais pas fait une balade à Boekelo, je n’ai pas été déçu ; l’épreuve est en tout point magnifique : organisation, ambiance, maitrise technique (107 partants parfaitement gérés malgré plusieurs interruptions du cross pour accidents), affluence (on parle de 100000 spectateurs pour le cross), qualité de la participation avec ce que le complet mondial peut proposer de mieux actuellement comme cavaliers….ces gens-là méritent une palme pour service rendus à la discipline depuis 40 ans!Quel dommage qu’ils ne soient pas candidats à un Championnat d’Europe de temps en temps.
Ceci dit, le succès de Boekelo réside dans son statut d’examen de passage vers le très haut niveau : tous les grands cavaliers viennent y tester le potentiel de leurs espoirs et voir ce qu’ils ont dans le coffre, de nombreux couples moins notoires viennent y faire leurs armes pour se mesurer aux grands, mais aussi à eux-mêmes, dans l’espoir d’accéder au dernier étage de la maison complet : le redoutable 4 étoiles.Ce qui m’a marqué après ces années, c’est que l’épreuve s’est justement rapproché considérablement de ce niveau mondial, et inversement : l’ écart de distance sur le cross n’est plus que de quelques dizaines secondes (maxi à Boekelo : 10’45), la vitesse est la même, la difficulté technique est certes moindre mais pour les chevaux qui sortent de l’étage d’en-dessous, c’est un vrai morceau de bravoure; enfin, c’est l’occasion de se mesurer à toute la planète : une place dans le premier tiers à Boekelo vaut la même dans les dix premiers partout ailleurs.
Et nos vaillants français dans cette affaire?Et bien ils m’ont assuré.Bien sûr la superbe victoire de Donatien y est pour beaucoup, nous procurant par la même occasion une vraie cartouche pour de futurs podiums, mais la délégation dans son ensemble m’a paru sérieuse, concentrée, solidaire; notre niveau de monte est largement égal aux meilleurs de la discipline, nous enchainons les bons tours de cross et de cso avec talent et maitrise, même si les fortunes sont diverses selon les montures et l’expérience.Nous gagnons l’épreuve et six de nos autres couples finissent dans le premier tiers des partants.
Comment faire mieux?Une réponse saute aux yeux: le dressage, ou plus exactement la présentation des reprises.C’est un mal récurrent du complet français, quelques-uns de nos cavaliers savent mettre en valeur les qualités de leurs chevaux et faire oublier aux juges leurs défauts, le temps d’une reprise, mais la majorité subit plutôt et rend une copie terne, et même sans faute majeure, les moyennes tombent dans le « bof ».
Le selectionneur-observateur qu’est Laurent est parfaitement conscient du problème, gageons qu’il saura trouver les solutions ad hoc et que l’hiver permettra à nos bleus de retrouver des couleurs sur le plat, tout en progressant encore sur le reste.Et nous irons chatouiller les allemands chez eux l’an prochain! «
Vincent Erder