Clinics « Gestion du stress » : feed-back
Lors des Journées du Complet 2017, France Complet avait organisé un clinics un peu particulier sur la gestion du stress à l’obstacle, faisant intervenir trois experts différents : Dorine Afflard, expert fédéral en préparation mental, Juliette Marret, kinésiologue utilisant la technique du Touch For Health®, et Rémi Furucz, hypnothérapeute et praticien EFT. Camille Lejeune apportait son analyse d’expert technique.
Trois cobayes s’étaient portés volontaires, étant eux-même confrontés au problème. Voici leur retour sur cette expérience atypique :
Thomas Longuet :
« Ayant eu de mauvaises expériences sur les barres avec mon cheval précédent, une peur s’était installée. Cette appréhension a été renforcée l’année dernière par des problèmes de dos, par la fin du débourrage de Boléro et les premières séances de saut assez…sportives et pas toujours contrôlées ! Une grande appréhension du saut d’obstacle et donc beaucoup de stress sont présents chez moi.
Ce clinic s’est déroulé en 3 phases.
Le matin à huis clos j’ai enchainé un parcours d’une dizaine d’obstacles en manège devant 4 professionnels : Camille Lejeune pour l’aspect équestre, Rémi hypnothérapeute, Juliette kinésiologue et Dorinne préparatrice mentale auprès de la FFE.
Sachant que je n’avais pas enchainé depuis près d’un an et qu’à ce moment les parcours étaient aux environs de 90cm avec Boléro, le fait de se retrouver dans un manège (première fois pour Boléro) sur un parcours à 1m10 voir 1m15 pour certains obstacles a été source de grand stress pour moi!
Boléro nous a encore prouvé que c’est un excellent maitre d’école malgré son jeune âge car en dépit de ce stress il a fait un super travail avec de bons sauts sur des hauteurs qu’il n’a pas encore trop l’habitude de franchir (Je ne savais pas qu’il pouvait déculasser comme ça !). Un parcours pénalisé par 1 barre sur le 1 et le 2 (l’appréhension, les chandeliers au paddock ne permettant pas de sauter la hauteur du parcours, une attente assez longue entre la fin du paddock et l’enchaînement peuvent expliquer les fautes).
Une fois l’enchainement fait, un débrief à chaud était pratiqué avec Camille pour les aspects techniques (trop sur la pointe des pieds entre les obstacles, épaules en avant de la verticale dans les 3 dernières foulées avant la battue d’appel, actions un peu trop fortes) puis nous choisissions avec quel professionnel nous voulions travailler notre gestion du stress.
Ayant déjà travaillé l’année dernière avec Juliette et avec Carine Camboulive (préparatrice mentale), je me suis tourné vers la 3ème approche, l’hypnothérapie , totalement inconnue pour moi.
Le deuxième temps du clinic a donc été un entretien avec l’hypnothérapeuthe au calme en salle, afin de comprendre d’où provenait le stress. Puis, afin de le combattre une séance d’hypnose légère a été pratiquée afin notamment de tomber dans une phase de relaxation et de bien être comparable au moment de l’endormissement. La séance a été enregistrée sur dictaphone ce qui permettra de retravailler dans le futur. Une fois arrivé à ce stade il a fallu fixer cet état dans le cerveau avec un geste, un mot ou une phrase, une musique ou autre. De plus il fallait fixer les conseils techniques de Camille dans le cerveau. Ainsi en cas de stress montant, la seule pensée de la musique, mot, phrase ou geste permettrait au corps de revenir à cet état de relaxation et à la correction des défauts équestres.
La sensation de se laisser porter par la voix de Remi et de presque avoir l’impression de ressentir l’ensemble de son corps est des plus étrange mais il faut remarquer que l’on finit effectivement par se sentir totalement relâché et détendu. Un grand merci à Rémi pour cette séance et son écoute.
Enfin après le repas, le troisième temps du clinic était de refaire le parcours du matin mais cette fois devant le public, encore un facteur de stress supplémentaire, en utilisant la fixation de l’esprit dans l’état de relâchement pour gérer le stress. Un paddock plus tendu que le matin et un cheval plus allant renforçait encore un peu le stress. Il n’empêche que malgré une belle georgette (peut être un signe d’un surplus de relâchement), j’ai fini mon tour avec un Boléro toujours aussi démonstratif.
Après avoir refait une partie de l’enchainement pour valider les progrès techniques, une séance de questions réponses avec le public permettait d’expliquer le travail avec l’hypnothérapeute et de s’ouvrir sur les difficultés émotionnelles sur le saut d’obstacle et de se mettre à nu, exercice particulièrement difficile et courageux.
Le public a été très compréhensif, pas du tout dans le jugement et m’a encouragé et félicité pour ma démarche ; en effet avouer ses peurs devant des inconnus n’est jamais évident.
Du travail à venir donc pour moi pour fixer encore plus par des rituels l’état de bien-être et de relaxation aux moments stressants mais une superbe expérience à vivre.
Un grand merci à France Complet Association et aux intervenants pour m’avoir aidé et permis de combattre ce stress face aux obstacles (je ne pensais plus pouvoir sauter aussi gros !). »
Julie Texier :
« Très consciente depuis des années que mon mental nuit à mes performances, Il était temps pour moi de me prendre en main et de solutionner mon problème.
Pour résumer ma journée, j’ai pleinement ressenti mon stress habituel sur la séance du matin: peur de mal faire, peur du regard des autres, peur de ne pas être performante, envie d’en finir au plus vite…
J’ai ensuite longuement échangé avec Dorine. Même si j’avais déjà fait un gros travail de réflexion en amont sur l’origine de mon stress, Dorine a su me donner les outils pour gérer cette situation.
La pensée positive est bien évidemment au centre de tout. J’ai pris conscience que ma façon de me voir à l’obstacle me conditionnait à l’échec. Dorine m’a aidée à replacer la notion de plaisir et de confiance en soi au centre de mes préoccupations.
Nous avons travaillé sur l’association de deux mots à des sensations agréables sur des parcours passés. Quand je sentais la situation de stress arriver, je relisais ces mots inscrits sur ma main afin que mon cerveau retrouve aussitôt les sentiments positifs induits par le souvenir de ces bons moments.
Nous avons aussi travailler sur la notion d’isolement et de concentration. Étant très anxieuse à l’idée d’être jugée par les autres, nous avons utilisé des musiques qui comptent pour moi afin de me mettre dans une bulle avant mes parcours.
Forte de tous ces outils, ma deuxième détente a été bien différente de la première. J’étais réellement avec et sur mon cheval. Rien ni personne n’est venu perturber notre moment. Quand je suis rentrée en piste, j’ai réussi à ignorer la présence du public et à faire en sorte d’oser monter mon parcours et non pas de le subir à l’image de celui du matin.
Il est indéniable qu’il y a eu un vrai mieux entre les deux parcours du point de vue du résultat d’une part mais aussi d’un point de vue technique et émotionnel. J’ai osé prendre des décisions, parfois bonnes, parfois mauvaise mais au moins je suis ressortie avec la satisfaction d’avoir été présente dans l’instant.
J’ai décidé de mettre en place une relation pérenne avec Dorine afin de travailler sur la gestion de mon mental. Je ne remercierai jamais assez France complet d’avoir mis Dorine sur ma route. »
Dorinne Afflard, préparatrice mentale (expert de Julie) :
« Le stress de Julie est l’addition de plusieurs facteurs (mode de pensée, regard des autres, peur de décevoir, toujours en recherche de perfection..). La séance a été orientée de façon à :
- changer sa perception de Julie cavalière.
- modifier son dialogue interne, c’est ce dialogue que vous entretenez avec vous-même, pour Julie il est devenu son ennemi numéro 1.
- se détacher du regard des autres: Moi et la situation/ créer ma bulle de confiance .
- détricoter ses croyances négatives (inhibitrices de la performance).
Voila le plan de mon intervention avec Julie :
Au départ, je pensais utiliser deux techniques de préparation mentale : une approche physiologique et une approche cognitive (un outil dans chaque domaine) mais en raison de son handicap respiratoire et cardiaque, nous avons privilégié l’approche cognitive.
Par son application et son implication, lors de cette séance, ainsi que la relation de confiance que nous avons instauré, elle a pu optimiser son potentiel en changeant son état d’esprit.
« Entre possible et impossible, il y a 2 lettres, mais surtout un état d’esprit » (C. DE GAULLE) »
Maxime Pascal :
Juliette Marret, kinésiologue (expert de Maxime) :
« Je me suis intéressée au ressenti physique et émotionnel de Maxime suite à son premier passage, en lien avec les enjeux présents pour lui et sa jument à l’obstacle (couple récent, gros potentiel de la jument sur ce test). Son stress se manifeste chez lui par une sensation de boule au ventre, une plus grande rigidité physique et une perte de précision dans ses aides. L’objectif de la séance a pris la forme suivante : « Je suis souple dans mes actions quand je reprends la jument à l’obstacle ». Face à cet objectif, j’ai testé et équilibré une quinzaine de muscles, associés aux méridiens d’énergie de Maxime, en utilisant le massage des points réflexes correspondants pour les muscles qui étaient inhibés par le stress. Plus d’infos sur cette approche : Touch&Sport cavalier : https://youtu.be/-SxKxJF70Sg
J’ai trouvé le format de ce clinics original et pertinent, même si au quotidien je prévois un temps d’intégration avant que le cavalier ne monte à nouveau, surtout après la première séance. C’était très agréable de travailler avec Maxime et Camille, et d’échanger avec d’autres professionnels de la gestion du stress. A refaire ! «