Coco piaffe toujours comme un jeune homme
Les langues se délient sur France Complet. Les vôtres, à vous qui nous faîtes confiance, vous que l’on compte un peu plus nombreux chaque semaine. Celles aussi des chevaux ! Curieux ? Qui sait ? Toujours est-il qu’après le brave Fido et l’espoir Pemba, nous avions donné rendez-vous à Vairé, en Vendée, à Coronado-Prior, le crack d’Eric Vigeanel.
Pour qu’il parle de sa vie dorée de retraité. Mais, voilà « Coco » nous a posé un lapin. Ou du moins a-t-il changé de rang. Il reprend en effet du service avec des sabots aussi légers que la plume. Il se joue à nouveau des obstacles. On lui chuchotera à l’oreille plus tard.
Les belles histoires ne sont jamais lassantes
Faut-il vous conter ou réécrire son histoire ? Après des pépins successifs, il recevait enfin, en septembre 2007, la juste récompense de son acharnement, conjugué à celui de sa jeune propriétaire, groom et amie d’Eric Vigeanel, son cavalier. Un titre de vice champion d’Europe à Pratoni (en Italie), avant une médaille de bronze au Master 2008… bien avant de décrocher sa sélection pour les Jeux. Où, excusez du peu, il offrit un coin de ciel bleu dans la débâcle de l’équipe de France (19e de la finale individuelle). Le talent !
Il méritait donc se retirer des cadres, la tête haute. Mais quelques mois plus tard, son cavalier glissait, le sourire radieux. «« Il perdait du poids et de son poil, il dépérissait mentalement. Pourtant, on le chouchoute. En fait, il a fallu qu’il remonte dans le camion pour retrouver la pêche. D’où l’idée de l’engager au championnat de France 2009, lui donner l’occasion de quitter la scène internationale, avec un titre en poche. »
En guise d’or, « Coco » apporta à Julie et Eric que le bronze. Elle en versa toute de même des larmes d’émotion. Éric en tremblait de tout son corps. « Le métal n’est peut-être pas aussi brillant qu’on pouvait l’espérer, mais c’est l’Eden ? » Ils ne le savaient pas. « Coco » n’avait pas fini de voyager, à la conquête de l’Everest. « Ses 19 ans ne posent aucun souci, soulignait à l’époque, Thierry Touzaint, l’entraîneur national. Sur la forme qu’il affiche, il devient potentiellement pilier de l’équipe de France pour les Euros de Fontainebleau (en septembre). »
On connaît la suite. Une mauvaise histoire à ranger au rayon de l’oubli. Intelligent, sans forfanterie, conscient d’avoir rempli son rôle, Coco se retira donc sans bruit, sur la pointe des sabots. Assuré du soutien et de l’attention des ses proches.
Où s’arrêtera-t-il ?
Il s’adonna à une certaine farniente dans son paradis doré, fit un peu de gras, se laissa pousser les poils, une coupe dans le vent. Mais, Pacha, il s’ennuyait dans son box, comme le bon Dieu pouvait s’énerver dans son atelier. Comment pouvait-il vivre en dehors de son monde : la compétition. Des idées de nouvelles escapades lui taraudaient l’esprit. Le moteur du camion, qui emmenait ses congénères en concours, le faisait frissonner, trembloter comme aux premiers jours.
Il fallait trouver la parade. Coco fit donc les yeux doux à sa belle groom, celle qui tous les matins lui retraçait l’histoire de sa phénoménale carrière. Après en avoir longtemps piaffé, il finit par obtenir gain de cause. Un rapide passage chez le coiffeur, quelques petits galops d’entraînement poussés et « l’on est reparti en voyage », confie son Eric Vigeanel. Et l’autre jour, sous les feux des flashes, adulé par le public, Coco s’est amusé à survoler un Grand Prix à 1,10 m, à La Roche-sur-Yon. En Vendée, tout près de Vairé, son jardin où il fêtait récemment ses vingt ans..
.Incroyable mais vrai ! « En fait, il n’a jamais été arrêté, il travaille deux ou trois fois par semaine. Mais, il me surprend encore dans son comportement : il a 10 ans d’âge et le mental d’un junior », souligne Julie. La tête un peu dans les étoiles quand elle parle de son protégé. . « Il refuse que l’on le laisse un peu à l’écart. Il est né compétiteur et le reste. Quand on a un peu de temps, on le monte dans le camion. Quand il avait dix ans, il était moins souffle », poursuit Eric, un peu estomaqué. Rêveur !
Où s’arrêtera donc Coronado ? Lui seul le sait. Coco, c’est promis, tu nous donneras la réponse.
Guy FICHET.
Photo D.R : C’était au championnat d’Europe de Fontainebleau. Coronado trottait déjà comme un jeune homme, sous la selle d’Eric Vigeanel et sous le regard attendri de Julie.