Être qualifié veut-il dire être prêt pour courir 5* ?
Être qualifié pour courir 5* signifie t-il donc être prêt pour affronter le plus haut niveau de notre discipline ? L’avenir de ce niveau d’élite dépend de notre capacité à répondre à cette question – et à déterminer quel couple n’est pas au niveau de s’y engager.
C’était l’un des sujets abordés à Jardy, fin Janvier. À travers statistiques et faits, les délégués présents ont étudié la question sous tous ses angles : qui arrive à ce niveau, comment… puis s’est installé un débat afin de déterminer s’il est nécéssaire de rendre les qualifications plus difficiles à obtenir.
De cette discussion émerge une idée clé : celle que toute compétition en dessous du niveau 5* doit présenter une difficulté régulière et à la hauteur des standards de la discipline. Tout parcours manquant à ces critères devrait être pénalisé.
Jane Tuckwell, directrice de nul autre concours que celui de Badminton, confie être inquiète : les cavaliers parviennent parfois à ‘manipuler’ les conditions d’éligibilité. « Je ne pense pas qu’il faille nécessairement instaurer plus de conditions, ou que les qualifications soient plus difficiles. Mais, peut-être en changer la temporalité ? » dit-elle.
Le Néo-zélandais Bruce Haskell, lui, précise qu’il ne s’agit pas là « d’un problème dans les 5* » mais que « si les plus petits niveaux ne sont plus adéquats, il nous faut le corriger. »
« Il s’agit-là du challenge de tous de s’assurer que nos officiels et nos chefs-de-piste s’appliquent pour que 4* signifie 4*, » dit-il, en précisant que le Complet ne peut pas être « un sport Euro-centré. »
S’il y a déjà une règle qui stipule que les fédérations nationales prennent la responsabilité que leurs cavaliers soient « prêts et suffisamment compétents pour concourir » sur des internationaux, il a été évoqué de mettre encore plus d’importance à cette règle.
La présidente de British Eventing (BE), Helen West, étudie la possibilité de pouvoir interdire aux cavaliers déjà surveillés d’engager certaines épreuves, et de les contacter afin de leur dire qu’il leur faudra courir sur des épreuves plus basses avant de revenir sur leur niveau actuel.
« Pourquoi pas également avertir ceux qui ont encore besoin de progresser dans leur niveau actuel qu’ils ne pourront pas de suite monter de niveau, » dit-elle.
À la suite de cela, c’est plusieurs groupes de discussions qui ont été mis en place afin de discuter de problèmes plus spécifiques. C’est le chef de piste Mike Etherington-Smith qui s’est avancé dans le groupe de niveau 5*, rapportant que tous les membres étaient d’accord pour dire que ce niveau était l’élite de notre discipline et qu’il devait le rester. Si variété il y a entre différents concours, celle-ci est plutôt positive puisqu’elle convient à différents types de chevaux.
« C’est le chemin qui mène à ces compétitions qui est crucial, » dit Mike. « Il doit y avoir un moyen de pouvoir séparer ceux que j’appelle les ‘touristes’ des cavaliers. Ceux qui pensent être suffisamment bons et qui veulent juste essayer. Si c’est le cas, génial. Si ça n’est pas vrai, alors ne t’approche pas. »
« Il faut surtout éduquer, » non pas seulement les athlètes mais aussi les coachs, les officiels, les fédérations et les médias. Une personne qualifiée n’est pas forcément une personne prête.
« Nous avons beaucoup de très bons organisateurs de 5*, qui porte une attention sans faille à ces problèmes. Nous avons confiance en la manière dont ils pensent, et comment ils appréhendent l’avenir, » dit-il.
Alec Lochore, chef de piste et membre du comité CCE de la FEI, lui, rapporte que son groupe de travail était inquiet des niveaux considérablement différents des parcours, et comment adresser le problème.
« Un 2* en Europe doit présenter le même niveau de difficulté qu’un 2* japonais, néo-zélandais ou argentin, » dit-il.
L’une des idées qui en est ressortie est d’analyser les statistiques de chaque évènement afin de déterminer si un organisateur ou un chef-de-piste présentait trop de sans-faute – la difficulté des tours pourrait-être trop faible.
« Une fois n’est pas coutume, mais si cela commence à se répéter dans les tracés d’un chef-de-piste ou d’un concours… alors la FEI devrait pouvoir intervenir, » dit-il. « Mettre un avertissement avec un plan sur comment s’améliorer et se remettre au niveau. S’il n’y a pas de changement, envoyer quelqu’un afin d’étudier la situation. »
Laurent Bousquet a alors proposé que l’évènement ait à baisser son niveau de compétition s’il n’y avait pas d’amélioration. Il ajoute également que, quel que soit la période de l’année, les parcours devraient être au même niveau.
« Certaines personnes ont dit que les parcours devraient être un peu plus simple en Mars qu’en Octobre. Non. Si ton cheval n’est pas prêt à courir un 4*-S en Mars, cours un 3*. C’est tout, » dit-il, rappelant les variations possibles des conditions de qualifications.
Rappel a été fait, également, aux officiels de rapporter toute inquiétude en amont d’un évènement afin que des rectifications aient lieu avant le début de la compétition. Il est de leur devoir de rendre un rapport « d’une grande précision et honnêteté » après un évènement.
A également été débattu la question du nombre d’options longues que pouvait prendre un cavalier durant un cross et obtenir des qualifications, et si elles ne devaient pas être limitées à deux. En lien avec cette dernière suggestion, il a été proposé de réduire le nombre de pénalités autorisées sur un cross pour l’obtention d’une qualification.
Si certains ont mis en avant le fait qu’un cavalier qui prenait toute les options longues ne répondaient pas aux questions des chefs-de-piste, d’autres ont soulevé une question : et si elles poussaient les cavaliers à prendre de mauvaises décisions ?
« De ces conversations, nous souhaitons tirer une meilleure équitation de la part de nos cavaliers. C’est à cela que ça se résume, » précise Jonathan Holling, cavalier et responsable national de la sécurité. « Ces options longues, selon moi, peuvent décourager cette belle équitation. »
« Je comprends que les compétiteurs aient à répondre à ces questions. Je dirais alors que c’est aux chefs-de-piste de construire des options longues qui permettent d’éduquer jeunes chevaux et jeunes cavaliers, sans pour autant légiférer sur la bonne équitation. »
Article traduit de l’anglais depuis Horse & Hound.