Expo du Moulin : la rebellion des majors
Expo du Moulin et Arnaud Boiteau disputeront-ils les prochains Mondiaux de Lexington ? Au vu des performances réalisées, cette saison, par les deux comparses, la question ne semble pas hors sujet.
« Dire que l’on n’y pense pas un peu, aujourd’hui, serait mentir. Le sujet n’était pourtant pas d’actualité en début de saison. On ne pouvait y croire. Ceci dit, Arnaud prend les concours les uns après les autres. Sans idée fixe, avec bonheur et surprise de voir Expo afficher une telle santé, cette volonté de bien faire, d’être devenu très régulier dans la performance », s’en félicite Jean Boiteau, notre consultant à Sandillon.
Mais ne comptez pas sur l’homme pour endosser la peau d’un sélectionneur. « C’est à Laurent Bousquet, et lui seul, d’en décider. » Un Jean Boiteau qui garde, au contraire, les pieds sur terre : « On sait que l’âge d’Expo est un handicap. L’on connaît aussi son histoire en sélection. » Qu’importe ! Dans l’entourage du Saumurois, on attendra patiemment, sagement, sans stress superflu, en rêvant un peu, le rendez-vous du Pin, le 20 août. Là où sera dévoilée la première sélection de l’ère Bousquet. Enfin, Jean Boiteau aurait pu ajouter : et si vous nous laissiez un peu goûter à ce bonheur présent (ce nouveau podium à Sandillon) avant d’envisager, d’imaginer, l’avenir proche.
Sans doute parmi les meilleurs performeurs du circuit national cette saison (deux places de deuxième à Pompadour et Vittel, une troisième ici à Sandillon, sans oublier une récente escapade en Allemagne très encourageante), Expo du Moulin affiche en ce début de saison un surcroît de sérénité, de moral.
« Les champions d’hier, ne sont pas encore retraités »
« Sur l’hippique, reprend son propriétaire, on ne l’a sans doute jamais vu aussi serein. Il répète ses gammes d’entraînement avec application et talent, ce qui ne fut pas toujours le cas par le passé. » Expo a en effet perdu de cette émotivité qui ne le mettait pas à l’abri de déconvenues. Personne ne peut le contester, il n’a aucune séquelle d’un cheval de son âge. « De vraies jambes de poulain », résume Jean Boiteau. « Par quel miracle ? Allez savoir ! » Et si comme Coronado Prior ou comme le bon vin, il avait eu besoin de vieillir un peu pour jouer les jeunes hommes, s’offrir une dernière chevauchée mondiale.
Pareille idée en fera tousser plus d’un, on entend les mauvaises langues se délier. Affirmer que sélectionner le couple serait une erreur, l’assurance d’aller droit dans le mur. L’occasion de nous affubler d’un aveuglement criant, voire d’être partisan. Ce serait oublier un peu vite les qualités humaines et professionnelles du cavalier, Arnaud Boiteau. Un garçon irréprochable, un coéquipier hors pair. Un garçon qui, par son expérience, sa culture complet pourrait jouer les chefs d’équipe et tenir la bride aux jeunes loups. Lesquels, aujourd’hui, sans peur et sans reproche, avec talent, bousculent la préséance de la hiérarchie.
On y reviendra, la remarque vaut pour son camarde de club sous les couleurs de l’Ecole Nationale d’équitation, Didier Dhennin. Heureux de voir l’Ismène de sa vie (mauvais jeu de mot) retrouver tout son allant et prête, de nouveau, à le faire vivre la tête dans les étoiles.
Dès lors, Laurent Bousquet n’est-il pas condamné, par les résultats du terrain, à opérer une alchimie délicate : marier l’expérience au feu et à la fougue de la jeunesse. Pas simple pour tout nouvel entraîneur désireux, à juste titre, d’imposer une nouvelle griffe.
Guy FICHET.