François Saint André : la vie comme elle va…
François Saint-André est une voix. Une voix de livre. Une voix dont il se fout. Une voix qu’il ne travaille pas. Jamais. Mais une voix, quand même. Une voix amie, qui a accompagné pendant 25 ans les cavaliers du cross du Mondial du Lion-d’Angers, qui a guidé les spectateurs aussi, et autant de bons mots, d’attentions, d’émotions vraies. Il dit, François : « Je suis étranger à ma voix, oui, mais pas aux émotions. »
François Saint-André est un chagrin. Un chagrin d’été pour une peine d’hiver. Un décès. Celui de Marie-Laure, son épouse. Un deuil, un froid de tombe. Il a depuis les yeux en silence un peu. Il ne marche plus que sur une jambe, comme il dit. Il faut voir les cavaliers le serrer fort dans leurs bras. Il faut l’écouter parler de sa fille, Hortense, son dernier phare dans ce brouillard, comme il dit.
François Saint-André est un appétit. De raconter, de savoir, d’aider, de conseiller, d’encourager. « Pour moi, raconter le cross, c’est dire que ces hommes et ces femmes, là, sous nos yeux, sont des gens bien. Et égaux. Car pour moi, finir dernier du Lion, c’est déjà une performance. »
François Saint-André est une prudence à jamais, nourrie de questions, de doutes, desagesse. François Saint-André est une exigence. Une exigence née de trop de mensonges, partout trop entendus.
La prétention le rend furieux, l’inélégance aussi. Il l’a observée toute sa vie, François, quand il était intendant de l’équipe de France de complet. Il la voit encore depuis son bureau de directeur des affaires équestres de la ville de Saumur.
François Saint-André est une retraite toute proche. Celle qu’il attend secrètement. « Je suis capable de quitter cette vie. Je ne le redoute pas. J’aime la pêche, la chasse, les livres. Je ferai groom et chauffeur le dimanche pour ma fille. Et je prendrai le temps de me souvenir des belles choses, de ces soirs de complicité avec les membres de l’équipe de France. Il y a sûrement des endroits de ce monde intéressants à aller voir, aussi. »François Saint-André est cette phrase : « Si le but était autre que de donner, alors je ne comprendrais pas cette vie. »
François Saint-André est un sourire, fin.
Mathieu COUREAU.(Journaliste à Ouest-France).
Ce texte est passé dans l’édition du Maine et Loire du Grand quotidien français .