Complétistes Français (Gilles Pons : « L’anglo-arabe est dans notre famille depuis 5 générations »)
Le nouvel anglo-arabe ? Un croisement de trakehner et d’anglo-arabe. Gilles Pons et un de ses produits, Telstar de Bordenave, fils de Grafenstolz et d’une jument par Fariland II
A la une du THM (un nouveau magazine équestre Australien) de décembre / janvier, il y avait un gros dossier sur « le succès des complétistes Français : pourquoi ? ». Avec plusieurs interviews d’éleveurs, de cavaliers et d’institutionnels, ça aurait été dommage de passer à côté ! Nous l’avons donc fait traduire aux élèves du Master Rédacteur/Traducteur UBO à l’Université de Bretagne Occidentale pour vous livrer la version en Français ce mois-ci :
« Cela semblait être une bonne idée de discuter avec Gilles Pons qui a produit la mère de Takinou. Il a été un membre actif du milieu de complet en France. Il a participé aux tous premiers JEM à Stockholm avec Olympic et continue de sortir en international avec les chevaux de son élevage.
Votre famille a toujours élevé des anglo-arabes ?
« L’anglo-arabe est dans notre famille depuis cinq générations, c’est une longue histoire. »
Pourquoi vous êtes-vous focalisé sur l’anglo-arabe ?
« C’est parce que l’origine de cette race se trouve justement dans le bassin de l’Adour, où nous nous trouvons actuellement. Et comme nous vivons ici, il nous a paru naturel de conserver cette race particulière de chevaux et de lui redonner tout son potentiel. »
L’anglo-arabe a-t-il toujours eu ces caractéristiques de légèreté qui en font un cheval moderne ou a-t-il évolué vers plus de légèreté comme les autres races ?
« L’anglo-arabe des débuts n’existe plus, du fait de toutes les modifications apportées à la race que je déplore. On a décidé d’introduire des croisements dans l’élevage, avec des Holsteiners ou des Trakehners. C’était supposé apporter à l’anglo-arabe la puissance et la locomotion qui lui manquaient un peu à l’époque.
Le système d’élevage en France, à travers les Haras nationaux n’a pas préservé la race anglo-arabe. Il a au contraire favorisé de plus en plus l’apport de sangs étrangers et la race est devenue de plus en plus croisée. Les haras ont aujourd’hui disparu et il n’y a plus le soutien qui permettrait d’avoir une vraie race anglo-arabe. De nos jours, il y a de moins en moins de chevaux anglo-arabes purs car il n’y a plus d’étalon. C’est dommage mais c’est comme ça. »
Il y a beaucoup de cavaliers de concours complet qui apprécient les chevaux issus de juments anglo…
« C’est vrai et c’est pour ça que ces juments jouent un rôle important dans les lignées de notre élevage. Elles amènent de la vivacité et du sang dans le croisement. »
Pourquoi n’a-t-on pas vu d’étalon anglo-arabe d’exception depuis Nithard ?
« Il y a eu d’autres grands étalons, peut être pas de chef de race comme Nithard, et je suis vraiment désolé que les Haras nationaux n’aient pas soigné davantage la sélection des étalons anglo-arabes. Ils n’ont pas su miser sur les bons étalons, du coup, on les a perdus. »
Le célèbre Nithard : on le retrouve à chaque fois dans les pedigrees anglo-arabes
Y a-t-il un étalon de cette qualité aujourd’hui en France ?
« Hélas, il ne reste plus d’étalon qui soit anglo-arabe pur. Upsilon est un bon étalon, mais il n’est pas pure race. Les haras nationaux ont voulu durant des années des grands chevaux, ce qui excluait l’anglo-arabe qui mesure en moyenne 1m65. Ils ont donc apporté du sang étranger jusqu’à perdre complètement le pur anglo-arabe qui n’existe plus. Je suis éleveur d’anglo-arabe dans l’âme et je trouve ça très triste. Préserver nos juments de cette souche est d’autant plus essentiel. »
Pensez vous que la nouvelle forme du complet va favoriser le retour de l’anglo-arabe ?
« Les cavaliers étrangers adorent l’anglo-arabe et ils ne l’ont jamais perdu de vue. Mais c’est compliqué de préserver la race. J’utilise Upsilon. J’ai été le premier en France à élever un Grafenstoltz. Il a maintenant neuf ans et c’est un bon étalon. J’ai des poulains par Royaldik et Mighty Magic. Ce sont des étalons qui, en transmettant la morphologie et les traits distinctifs de l’anglo-arabe , contribuent à sauver la race. »
La suite jeudi…
Enquête de Christopher Hector, Traduit de l’Anglais par Florence Boscher, Jean-Marie Caroff, Coralie Fournier et Anne Burkel-Gibaud
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Pour en savoir plus sur l’université Bretagne Occidentale https://www.univ-brest.fr/RT