Jérémy Béatrix dans la machine à remonter le temps

Sport
Cet article a été publié le : 14 avril 2010 à 15h51
Jérémy Béatrix dans la machine à remonter le temps

La famille Béatrix


Jérémy Béatrix a signé une réelle performance, en terminant, il y a une petite quinzaine, troisième du Grand National de Saumur. Sans bruit, timide, le petit gars de Saint-Mars-d’Outillé (dans la  Sarthe), trace son chemin. Les fruits d’une assiduité sans borne pour celui qui,  prédestiné à devenir boulanger, est aujourd’hui un cavalier émérite.

Son histoire s’apparente à celle de son père, de sa maman, de ses frères… On remontre le temps, on est le 18 octobre 2006, sous les ors du château du Lion-d’Angers. Jérémy s’apprête à disputer son premier mondial.

Nous sommes à la veille du Mondial

Maître boulanger à Saint-Mars-d’Outillé, dans la Sarthe, Pascal Béatrix a été très vite rattrapé par les chevaux . « Élève cavalier patenté du centre équestre de Laurent Bousquet (aujourd’hui entraîneur de l’équipe de France), j’ai eu la malchance ou le bonheur que ma jument de l’époque, Follaz, soit mise au repos pour un petit pépin de santé », glisse, l’oeil rieur, Pascal. Tout s’est alors enchaîné à la vitesse d’un galop effréné. Les cures d’oxygénation, de remise en condition de son cheval lui ont d’abord offert le loisir « de redécouvrir toute la beauté et la richesse des bois environnants la commune. Un tel cadre se prêtait à l’organisation d’un concours complet. J’ai décidé de le mettre en scène, en 1989. » L’événement est aujourd’hui pérenne.

Quand les aînés assurent

Voilà maintenant quatorze ans que Pascal, passion chevillée au corps, endosse successivement les costumes ou casquettes d’éleveur, de commissaire bénévole à l’obstacle, de cavalier. Surtout de supporteur inconditionnel de Jérémy. Son fils, jeune cavalier, qui gère le centre équestre familial, construit entre-temps, dans les années 2004 – 2005. « Heureusement, mes deux aînés me secondent parfaitement au fournil. », s’en amuse-t-il.

La famille Béatrix garde en effet pignon sur rue, à Saint-Mars-d’Outillé. « On ne sait jamais, sourit Jeanine, la maîtresse de maison. On véhicule peut-être une image de riche, mais avec les chevaux, on mange parfois très vite son pain blanc. Nous serions plus riches si je restais essentiellement derrière mon comptoir et mon mari au fournil. Mais c’est une passion, et elle nous rend heureux. » Une femme, très fière d’avoir épousé un homme aussi caméléon, « cela rompt la monotonie », une maman aux yeux de Chimène pour son champion de fils. « A chaque fois qu’il met le pied à l’étrier, je tremble d’effroi. Il pratique un sport merveilleux, mais dangereux. Vous ne pouvez même pas imaginer dans quel état d’esprit je suis, quand il met pied à l’étrier. »

Apothéose de ses dix années de complet, Jérémy galopait en cette année 2006, un rêve de gosse, sur les prairies verdoyantes de l’Isle Briand, au Mondial des 6 ans, avec Misleading de Gontery. « Un pur produit de l’élevage de mon père, se félicite-t-il, comme le sont Dearling ou Yarling. » Des cracks nés au sein du petit élevage familial. Comme l’ont été depuis Dearling et Yarling qui, au passage, ont permis à leur cavalier de décrocher une victoire en Coupe de France, un titre de champion d’Europe par équipes juniors, et national de jeunes cavaliers. Et le voilà dans le grand bain. «  On en est fier, on le doit beaucoup Laurent Bousquet qui lui a donné les clefs de la réussite« , glisse encore Pascal, le papa.  » Dommage qu’il soit toujours aussi timide et réservé. Ce peut être un handicap pour la suite de sa carrière. »

Laquelle s’annonce sous les meilleurs auspices. Mais, cela, la machine à remonter le temps, ne peut le prédire.

Guy FICHET.

Photo G. F : Jérémy Béatrix avec ses parents, en 2006, au Lion. C’était hier et l’histoire du gamin est toujours aussi belle.