Jeu de cartes dans la famille du complet
Christian Aschard, constructeur de parcours
Sa rencontre fortuite avec les chevaux a transformé sa vie. Il les met en lumière sur les parcours de cross. Christian Aschard en est le premier surpris.
Il n’avait pas imaginé que la plus belle conquête de l’homme puisse un jour transformer son existence, être un vecteur de sa réussite professionnelle. Les chevaux, il n’en avait un peu peur, il en ignorait presque leur existence. Affairé dans son atelier de menuisier en bâtiment, à Gennes, aux confins de Saumur. Mais, belle histoire de fratrie : « Il y a une petite quinzaine d’années, j’ai intégré et rejoint mon frère, à la section sports équestre de Fontainebleau », s’en amuse, encore aujourd’hui, Christian Aschard.
Un personnage hors du commun, taillé dans le roc, à la poignée de main franche et sincère, connu et reconnu aujourd’hui comme l’un des meilleurs constructeurs de parcours de cross. Sous son trait de crayon, son imagination sont nés les parcours des derniers championnats d’Europe de Fontainebleau, il y avait eu Pau, auparavant, Pompadour, Saumur et, sa fierté, les Jeux Mondiaux d’Aix-La-Chapelle.
« La belle rencontre avec Jean-Pierre »
Pour cela, il en a usé de l’huile de coude. « Je ne savais ni mettre un filet ou adosser une selle. Je me suis donc, sagement, enfermé dans un rôle de groom, appliqué et obéissant, au tout départ. » Pour parfaire et accélérer son apprentissage, la chance ne sourit qu’aux audacieux, on l’envoya d’ailleurs chez un cavalier professionnel. « Et oui, j’ai répété mes gammes aux côtés de Jean-Pierre Blanco. Pouvais-je espérer plus belle rencontre. Elle a accéléré les choses. »
Christian, dans le giron de l’actuel entraîneur de dressage de complet, y tomba amoureux de la discipline. « J’en suis devenu mort dingue. » Mais sage et conscient qu’il ne pouvait envisager mettre pied à l’étrier.
Il lui restait donc à marier son talent à sa passion. « Et c’est comme cela, qu’en 1991, j’ai construit le parcours du championnat de France à Fontainebleau. » Depuis, il parcourt l’Europe et le monde en globe-trotter. « Je sais, c’est très atypique, mais je travaille seul. C’est dans mon caractère. » Ingénieux, il s’est offert un semi-remorque de dernier cri : « aménagé à l’avant en appartement, au centre en atelier, et plus loin un espace de stockage de matériel. C’est plus simple et limite les frais. »
Badminton : il en rêve
Les frais inhérents aux semaines voire aux années passées à plancher sur un projet. « Tout dépend s’il l’on part sur un concours existant ou de rien comme aux Euros ou au Mondiaux. Mais, à chaque fois, je dois reconnaître se plaisir de pouvoir créer. Ma liberté est totale pour peu que je respecte les données techniques du chef de piste qui, lui, est l’architecte du cross. »
Et le style Aschard dans tout cela. « Je suis assez light, mes obstacles sont rarement construits sur un thème précis : animaux, rappel des atouts touristiques d’une région. J’essaie de marier plus simplement la tradition à l’esthétique, de générer l’intérêt du spectateur pour la discipline. Enfin, je m’adapte au budget de l’organisateur dont je temporise parfois. »
Pour, en parallèle et au Jour J, savourer le bonheur de voir les cavaliers rentrer sans gros incidents. « Je tremble beaucoup moins que je ne l’ai fait. J’ai confiance en ce que je fais et ne cultive plus la hantise de l’accident. » Fier, au bout du bout, d’être un artisan de cette belle pièce à suspense qu’est le concours complet. « Tout aussi heureux, d’être à Saumur sur le CCI*** (19 – 23 mai) qu’à Aix-La-Chapelle, sans doute ma plus belle réussite avec les Euros de Fontainebleau. », glisse malicieusement celui qui rêve dans un coin de son atelier de Gennes, à 15 km de l’hippodrome de Verrie « d’user du marteau et de la scie, de soulever des troncs, un jour, à Badminton ».
Guy FICHET avec Patricia CAPELLE.