JO de Tokyo : billet n°4 de Michel Asseray

Sport Jeux Olympiques
Cet article a été publié le : 27 juillet 2021 à 9h54
JO de Tokyo : billet n°4 de Michel Asseray

(c) Michel Asseray


Billet d’humeur et d’info posté par le DTN Michel Asseray sur les réseaux sociaux.
« Après la 1ère session de dressage on se retrouve avec le passage des 2 derniers cavaliers de l’équipe aujourd’hui. Chacune a son protocole bien huilé, une première détente le matin ou une balade tranquille mais chacune est dans sa bulle. Le midi au village on croise même Morgan qui sort des bains froids installés au sous-sol de la tour France pour se sentir bien dans son corps avant ce soir. Les massages des chevaux ont aussi commencé dans un silence religieux parfois perturbé par une boutade de Karim ou de moi même… Les propriétaires sont arrivés et les yeux brillants dévorent chaque instant dans le clan des bleus. On observe les tics et les tocs de chacun, certains commencent les tresses avec de la musique, d’autres enfilent leurs bottes d’une certaine façon,… Pendant ce temps, certains d’entre nous en profitent pour s’assoupir dans toutes les positions et dans tous les recoins possibles imaginables.
Nous sommes soudainement un peu inquiets, Birmane souffre de la chaleur et n’a pas parfaitement récupérée après son galop. Nous commençons alors des examens complémentaires pour évaluer cette fatigue.
L’épreuve de dressage commence et c’est Morgan qui sera la première à entrer sur le ring. Le cheval est parfait à la détente. Ils rentrent sur le stade et Gus s’inquiète et se retient après le retentissement de la cloche. Il fait la faute qu’il ne fait jamais, prend le galop sur le première diagonale… Morgan gère et remonte le pourcentage figure après figure mais la note finale est un peu en dessous de ses espérances.
Dans les écuries, Céline la propriétaire de Cupido bichonne son petit champion avec Jean Marie. Il brille de partout ! Maxime est prête, concentrée et mesure l’enjeu de sa reprise à dérouler dans le stade olympique. Le protocole de détente est prévu à la minute prêt. Quelle énergie dégage ce petit athlète tout noir ! Elle rentre dans l’arène, l’ensemble de la délégation rejoint la seule tribune ouverte et tout le monde retient son souffle. Les mouvements s’enchaînent, le pourcentage rêvé est la ! 3/4 de la reprise est faite et le tableau lumineux installé derrière les juges nous affiche 72,6% ! La ligne des 2 temps est réalisée. Maxime sort du coin, galope une foulée, puis une autre c’est parti pour les temps … 1,2,3,4,5,6 …et la machine qui semblait enclenchée se dérègle !!! Mais que s’est il passé ! Et d’un seul coup ce mouvement coefficient 2 plombe le pourcentage général, il faut remonter, il faut tout donner sur la dernière ligne passage, piaffer. Tout le monde se dandine sur son siège comme pour aider Cupido à danser 💃 mais la note de 10 reviendrait sûrement à Céline sa propriétaire aperçue un instant à l’écran géant rebondissant sur chaque jambe comme un ressort ! Hélas, ils avaient les 72 % au bout des sabots … Une déception bien sûre, mais quelle expérience emmagasinée sur ce championnat. Un championnat pas comme les autres, ce style de compétition qui multiplie l’expérience par 10. Croyez-moi on reparlera d’eux.
La nuit s’est écoulée et nous rejoignons le site équestre pour les travaux du matin. Camille a promené Birmane autour des barns ce matin. Tout le monde est à cheval et débute tranquillement le travail bas et rond du matin. Chacun fait un peu les exercices qu’il souhaite faire selon ses sensations. Individuellement chacun quitte la carrière et part se promener sur le spring garden pour ne pas blaser son cheval. Tom n’est pas convaincu de sa séance, presque trop bien, presque trop calme. Nous continuons les examens et nous attendons les résultats.
Tout le monde rentre pour le déjeuner et Xavier récupère les résultats des prises de sang. Les résultats ne sont pas parfaits… Tom a le cœur lourd mais nous propose de retirer sa jument. Il ne veut pas prendre de risque pour sa championne, il ne veut pas la monter si elle n’est pas à cent pour cent. En premier lieu pour Birmane, son avenir, et pour l’équipe de France qu’il ne souhaite pas mettre en péril si ça n’allait pas. GRANDE décision d’un homme de cheval. Ne pas aller aux jeux quand tu n’as pas la qualification c’est dur, ne pas aller aux jeux quand tu n’es pas sélectionné c’est dur mais ne pas courir les jeux quand tu y es, à 2 jours de commencer c’est terrible.
Les mots justes pour soutenir Tom sont introuvables, les mots justes pour stopper les larmes de Camille sont introuvables, les mots justes pour réconforter Gérard son propriétaire sont introuvables. On aime ce sport mais putain qu’il est raide parfois avec nos chevaux.
Nous sommes abattus mais il nous faut rester ensemble et être un groupe fort.
Nous appelons Karim pour lui annoncer la décision (lui disait toujours j’espère que vous n’aurez pas besoin de moi). Il était très déçu pour Thomas mais il a fait à fond toute la préparation et nous confirme qu’il va tout donner pour cette équipe. Il nous a prouvé par le passé qu’il était un équipier exceptionnel.
Ce soir nous avons la familiarisation de nuit comme pour le jumping de lundi, nous sommes tous là, accompagnés de nos amis du dressage. Cette séance est répartie en 4 temps et nous passons en avant dernier. Une détente, un passage dans l’arène autour du carré puis 15 minutes dans le carré, 15 minutes de refroidissement et enfin un parcours de jumping. D’en haut on ne se rendait pas compte mais l’endroit est super impressionnant ! Les chevaux sont bien mais cette séance était nécessaire. Nous aurons le droit à une autre familiarisation de jour mercredi.
Ce matin le cross a été ouvert à partir de 6h, il nous tardait de découvrir notre terrain de jeux. Nous avons pu inaugurer nos vêtements de pluie sur l’île de Sea Forest. Une première impression, ce cross ressemble plutôt à un CIC pour ses 8 minutes et sa densité. Le terrain est vallonné surtout les 4 premières minutes. Si le climat est chaud, le chrono sera probablement compliqué. C’était une première reco tranquille, on saute dans le bus, il faut aller monter pour essayer de grappiller encore quelques points sur le dressage car les médailles se jouent souvent à des broutilles !
Tom a écrit un joli message sur les réseaux sociaux et des centaines de messages de la part de la planète complet lui arrivent pour le soutenir.
Cela me rassure et me confirme que cette discipline est la plus belle, que cette discipline est une grande famille qui ne se limite pas à la couleur de notre maillot ou de notre drapeau.
C’était mon dernier billet pour ensuite me consacrer pleinement aux bleus en espérant que le partage de nos vies aux jeux vous ont mis des étoiles dans les yeux. »