La préparation physique du cheval de Complet

Sport
Cet article a été publié le : 22 août 2012 à 7h40
La préparation physique du cheval de Complet


Alors que l’équipe de France Junior s’apprête à partir en stage de préparation en vue de leur échéance (les Championnats d’Europe à Strzegom en Pologne), Pascal Forabosco, l’entraîneur national, donne ses conseils en matière de préparation physique. En effet, le cheval est un athlète qui a besoin d’un entraînement de fond, surtout

pour une discipline aussi exigeante que le Complet.

A partir de quel niveau devons-nous commencer à préparer physiquement son cheval de manière spécifique pour le cross ?

« Un cheval qui travaille tous les jours, qui sort en concours toutes les 2 semaines et qui fait deux trotting par semaine, n’a pas besoin d’une préparation supplémentaire jusqu’au niveau CCI*, soit au-delà de 3 500m de cross. »

Est-ce qu’un cheval qui a beaucoup de sang peut se passer d’une préparation physique ?

« Il faut se méfier des chevaux bouillonnants parce qu’après 3 ou 4 minutes de cross, ils ne tiennent pas forcément au niveau cardiaque et c’est là que les problèmes peuvent arriver. Ces chevaux ont peut-être besoin d’une préparation moins importante mais il faut quand même en faire une. »

Comment se déroule les galops de préparation : durée, vitesse, fréquence… ?

« Tout d’abord, il y a deux types de galop : les fractionnés et les continus. Le fractionné se compose généralement en 3 phases de galop de 3 minutes, à environ 500 m/mn. Entre chaque phase, il faut laisser le cheval marcher pendant 2 mn et à la fin, le laisser récupérer au trot puis au pas pendant environ 20mn. Si le concours que vous avez à faire est sur un terrain vallonné, comme à Vittel, il est conseillé d’inclure un bout-vite d’1 mn à la 2ème mn de chaque phase. C’est-à-dire que vous galopez 1mn à 500m/mn, 1mn à 600 m/mn et la dernière minute, vous ralentissez à 500 m/mn à nouveau. L’objectif est de faire monter le rythme cardiaque pour se rapprocher du type d’effort que le cheval aura à produire dans une montée.

Un ‘’continu’’ est, comme son nom l’indique, un galop ininterrompu d’environ 6 ou 7 mn à 500m/mn. Ce travaille convient particulièrement bien aux chevaux très chauds. Ainsi, ils ont le temps de se calmer, de se décontracter et d’installer un galop régulier. Dans les deux cas, il ne faut pas que le temps des galops cumulés sur une séance n’excède pas de plus de 3mn du temps que le cheval aura à courir en compétition. C’est-à-dire que si en concours, le temps à réaliser est de 7 minutes, les galops ne devront pas dépasser 10mn.

Pour préparer une compétition, l’idéal est de faire trois galops, soit un tous les 6 jours. Donc il faut partir de la date de l’échéance, puis faire le décompte arrière et inscrire les galops sur votre agenda. »

Quel travail peut-on faire entre chaque galop ?

« Le lendemain d’un galop va être cool pour le cheval. Avant de monter, on le regarde trotter pour vérifier qu’il soit droit et ensuite, on part en balade au pas, le plus longtemps possible. Le 2ème jour, vous pouvez faire une séance de plat dans une attitude basse et ronde pour le décontracter. Après vous pouvez reprendre un travail un peu plus intense, par exemple prévoir une séance de dressage pour réviser votre reprise puis une séance d’obstacles. »

Quel type de terrain devons-nous privilégier pour un galop ?

« L’idéal est de galoper sur un sol profond, pour que le cheval soit à l’effort sans abîmer les articulations. Mais évidemment, ceux qui sont installés dans le Sud de la France, où les sols sont très secs, doivent quand même préparer leur cheval. La chose la plus importante est en fait de vérifier que le sol soit homogène, c’est-à-dire qu’il n’y ait pas d’alternance entre des zones dures et des zones profondes et qu’il n’y ait pas de trou où le cheval risque de mettre le pied dedans. Et si le terrain est dur, il ne faut pas faire de bout-vite, ce serait trop risqué. »

Quelle attitude le cheval doit-il avoir pendant qu’il galope ?

« Cela va dépendre du physique du cheval. S’il est sur les épaules et qu’il a tendance à tirer vers le bas naturellement, alors il faut essayer de le rééquilibrer pendant qu’il galope. A l’inverse, si le cheval a un bon équilibre et qu’il a tendance à avoir plutôt la tête en l’air, on peut s’aider à ce moment-là d’une paire de rênes allemandes pour qu’il galope dans le bon sens. L’important est de s’imaginer sur un cross pendant le galop et de se dire : ‘’si un obstacle arrive, est-ce que je pourrais le sauter dans de bonnes conditions ?’’ »

Devons-nous avoir un équipement spécifique pour ce travail ?

« Non, l’équipement n’est pas spécialement différent d’un travail à l’obstacles par exemple. Le cheval doit être bien protégé : guêtres, protège-boulets et cloches. Si on en a les moyens, il est intéressant d’utiliser un cardiofréquencemètre pour vérifier qu’on ne le met pas dans le rouge. »

Quelles sont les règles à respecter avant et après l’effort ?

« Déjà par rapport à l’alimentation, l’idéal est de galoper au moins 2 heures après sa ration. Sinon il faut réduire les doses avant, puis compléter après l’effort. Ensuite, et c’est bien le plus important, il faut vérifier que le cheval est physiquement prêt à encaisser cet effort : pas de mollette, des articulations impeccables, le cheval doit être en parfaite santé… La plupart du temps, les cavaliers voient avant tout leur objectif final mais oublie de vérifier que leur cheval est bien capable de s’y préparer et généralement, c’est là que les tendinites arrivent.

Juste avant de galoper, il ne faut pas bâcler l’échauffement. Celui-ci doit durer au moins 20 minutes, dans une attitude assez basse, en recherchant la rondeur dans le galop. Après l’effort, il faut procéder aux mêmes soins qu’après un cross : froid et argile sur les membres. Si vous pouvez le refaire marcher l’après-midi, c’est l’idéal ! »

Que faut-il absolument éviter de faire ?

« Mettre son cheval dans le rouge et galoper dans la contraction. Le cheval doit être serein pendant l’effort, c’est très important. »

Le mot de la fin ?

« En tant qu’entraîneur, je préconise cette préparation, mais il n’y a pas de règle absolue. Il faut être vigilant sur le cheval qu’on monte et adapter l’effort à son tempérament, son passé, sa condition physique, etc. »

 

Si vous souhaitez en savoir plus, on peut d’ores et déjà vous révéler qu’une conférence sur ce sujet sera animée par Arnaud Boiteau pendant les Journées du Complet !

 

Propos recueillis par Hedwige Favre