Le complet condamné à un virage à 180 degrés
Crédit photo FFE/PSV
On s’est réveillé, en ce dimanche matin d’octobre, un peu sonné. Le teint maussade, comme le temps ; le moral dans les bottes. Le monde du concours complet, ses supporters sont sous le choc après la déconvenue de Lexington. Tout le monde y croyait, rêvait à cette cinquième place, billet de droit pour les Jeux de Londres en 2012. Un objectif tout à fait dans les cordes des boys de Laurent Bousquet. Or, sans minimiser la performance de Pasal Leroy ou de Stanislas de Zuchowicz sur le cross, on peut tout de même parler de grosse déception, voire de contre-performance au regard du classement final des Bleus par équipe.
Les deux refus d’Expo du Moulin, dont on imaginait meilleure prestation, ont plombé l’atmosphère. Donatien Schauly, qui essuyait ses sabots sur un quatre étoiles, a chaussé les étriers avec la fougue sous la selle, mais aussi et sans doute une trop forte pression au vu de son jeune âge. Trop de responsabilités (remettre l’équipe sur rail) pour une première cape internationale. Ce qui explique sa faute technique sur le n°7 et sa chute.
Touzaint – Bousquet : même combat
Tout cela pour dire, et sans partialité, que la nomination d’un nouvel entraîneur ne modifie pas toujours la donne. Le changement pour le changement, pour un simple choc psychologique à la veille d’une grande expérience, ne s’avère pas toujours payant. Le mal du complet français, depuis deux à trois ans, est plus sournois, plus profond que certains ont bien voulu le voir. Laurent Bousquet n’est pas plus Zorro que Thierry Touzaint. Le nouveau patron de l’équipe de France abat les cartes dont il dispose, en jouant, comme son prédécesseur, les funambules. De surcroît, quand la malchance le rattrape.A cette exception prêt que le sorcier Touzaint pouvait s’appuyer sur deux leaders que le monde nous enviait : Nicolas (son neveu) et Jean Teulère. Dans les moments délicats, à eux deux (résultats à l’appui), par leur talent, leur expérience, ils ont su porter l’équipe. Comme l’a fait Didier Dhennin, avec Ismène du Temple, ces dernières années. Mais, quelque part, ils étaient un peu l’arbre qui cachait la forêt.La forêt d’une discipline où les cavaliers, à quelques exceptions près, possèdent des écuries de compétition réduites à la peau ce chagrin. Une condamnation à diversifier leur activité, à devenir, par exemple, marchand de chevaux. Pour vivre… ! Mais au fait, demande-t-on à un footballeur professionnel d’être tenancier d’un magasin de sport ? Inimaginable ! Très peu de ces cavaliers peuvent se prévaloir du statut d’athlètes de haut niveau.
A vos plumes ou claviers
Des cavaliers qui, faute de temps, d’instructeurs es-qualité restent, de plus en plus, en recul sur l’épreuve de dressage. Un exercice de haute école devenu aujourd’hui le maillon fort du complet.
« Il faut qu’on l’on apprenne à répéter de bonnes reprises », souligne Pascal Dubois, le DTN. Encore faudrait-il que nos pilotes puissent trouver, autour d’eux, un peu plus de grands maîtres.
Pourquoi laisser sur la touche des hommes de talent comme Serge Cornut ou, on va vous faire hurler, Tristan Chambry. La remarque pourrait, de manière moins criarde, s’appliquer au saut d’obstacles. En ce sens, pourquoi Jacques Friant a, dès le départ, disparu de l’encadrement tricolore ?
La forêt d’une discipline où les propriétaires, enclins à investir sur de grands chevaux, voient leur rang se clairsemer. Des passionnés qui, quelque part et multiples raisons, se sentent un peu marginaux : peu accompagnés par la Fédération, sans véritable structure fiscale pour oser de très gros et lourds investissement : syndicat, par exemple…
Ces propriétaires sont pourtant l’essence même de la discipline. Ils attendent un peu plus de reconnaissance. Comment expliquer, à l’inverse, que nos meilleurs chevaux font le bonheur des étrangers.
Voilà, autant de pistes à explorer. On vous en laisse le loisir pour, ici même, générer un vrai débat, un échange. Et in-fine, qui sait, en faire remonter les conclusions jusqu’au DTN, Pascal Dubois ?
Après ces championnats du monde, le complet est condamné à prendre un virage à 180 degré. Ses fans méritent mieux que de vivre de désillusions. Le cycle d’une génération de chevaux arrivant à terme, Laurent Bousquet se doit de reconstruire sur de solides et nouvelles fondations. Mais, il n’y réussira que si l’on lui donne, comme aux cavaliers, les moyens de ses ambitions.
Guy FICHET – Patricia CAPELLE.
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