Le dressage n’est pas la tasse de thé française

Sport
Cet article a été publié le : 31 juillet 2010 à 18h04

 

On évoque, ici et là, les résultats le confirment parfois, la difficulté des cavaliers français à réussir ou tout du moins à réaliser des performances sur les carrés de dressage. Il nous revient en mémoire une interview de Jean-Pierre Blanco et Serge Cornut, au Lion-d’Angers, la saison dernière. Ils soulignaient à l’unisson un certain manque d’appétence pour la discipline. Mais, surtout en dégageaient les raisons et proposaient des solutions. Un interview toujours d’actualité ?

Entretien du 16 octobre 2009 au Lion-d’Angers

Jean-Pierre Blanco, Serge Cornut, votre analyse après cette première journée de dressage ?

Il faut se garder de toutes conclusions hâtives. C’est l’essence même de ce Mondial, on a vu nombre de jeunes chevaux inconnus. Mais franchement, les copies, rendues par les uns et les autres, restent assez moyennes.

« Apprenons à bachoter »

Les Français n’auraient-ils pas cette culture du dressage ?

S. C. : Evitons les amalgames. Il y a de bons pilotes que tout le monde connaît : Aurélien Kahn, Cédric Lyard, Didier Willefert, Karim Laghouag, Nicolas Touzaint, Jean Teulère, Arnaud Boiteau, Didier Dhennin… Des internationaux patentés qui démontrent, aujourd’hui, que l’insistance de Thierry Touzaint (entraîneur national) à mettre l’accent sur la discipline porte ses fruits. Pour les autres, le manque de suivi dans le travail est latent. Dans l’idéal, il aurait fallu les réunir deux ou trois jours avant ce Mondial. Pour bachoter, opérer quelques piqûres de rappel.

Seriez-vous démunis, sans structures de travail ?

J-P. B. : Tout au long de l’année, au sein du pôle France, on organise, sur le sujet, des stages à répétition. Serge parcourt la France pour offrir des programmes à la carte à ceux qui le demandent. Cela, je le répète, porte ses fruits. Aux derniers Euros, nous n’avons pas démérité, on était plutôt pas mal.

Mais ?

S. C. : Mais, certains sont encore trop seuls pour trouver toutes les ficelles de la progression. Pour vivre de leur discipline, ils ne peuvent s’offrir des déplacements à répétition à Saumur. Il y a là, pour eux, toute une organisation à mettre en place, des aides financières à trouver. Mais là, ce n’est plus de notre ressort. »

Quel gros reproche leur faites-vous ?

J-P B : Passez-moi l’expression : les Français ne savent pas se vendre. Ils négligent un peu leur présentation. Regardez les Allemands, ils savent présenter leurs chevaux au cordeauSon cheval, Opgum Louvo, ne possède pas trop d’allure. Mais, elle a su le présenter au cordeau, même si ces chevaux n’ont pas toujours une belle attitude en selle. Avant d’entrer sur le carré, ils ont déjà conquis les juges.

Les Français souffriraient-ils d’un complexe ?

S. C. : Indiscutablement. Ils n’arrivent pas à reproduire ce qu’ils font à la maison, parce qu’ils arrivent contractés, crispés. Certes, c’est la discipline qu’ils maîtrisent le moins, mais ils doivent apprendre à se lâcher. Puissent-ils s’en persuader. »

Recueilli par Guy FICHET.

Depuis Serge Cornut a quitté le staff fédéral.