Le TREC comme support pédagogique en vue du CCE

Pédagogie
Cet article a été publié le : 28 août 2011 à 17h04
« Le TREC est au Complet ce que le Hunter est au CSO », voilà pour résumer ce que nous explique Mathieu Lhuillier, responsable de la Commission TREC au CRE Bourgogne, enseignant et cavalier amateur en Complet. « Le TREC a une image négative dans l’esprit d’un cavalier de Complet car il l’associe au tourisme équestre. Pourtant, c’est un outil pédagogique formidable dès lors que l’on s’y intéresse un peu. J’ai beaucoup de cavaliers qui n’osent pas faire de cross ou qui se sont fait peur en Complet, qui viennent (ou reviennent) vers cette discipline après avoir fait du TREC. »

En décembre 2010, une démonstration de TREC avait été organisée au salon du cheval de Paris. Thierry Maurouard, sélectionneur de l’équipe de France avait donné rendez-vous aux meilleurs cavaliers de TREC mais aussi à quelques uns de nos cavaliers de Complet (Karim Laghouag, Arnaud Boiteau, Didier Dhennin) ! Ils ont pu tester cette discipline qui ne leur est pas familière et dans l’ensemble ont plutôt bien réussi.

Karim Laghouag donne son avis :

« C’était quelque chose d’assez extraordinaire car la démonstration se déroulait en même temps que le Championnat de France et on avait à peu près les mêmes difficultés que les Pros. Quand on est arrivé, ça paraissait irréalisable !Heureusement avec Arnaud, on avait des chevaux expérimentés mais c’était très technique. J’étais très content d’y avoir participé car je suis assez curieux, j’aime bien toucher à tout. J’ai déjà pratiqué la voltige, le horse-ball, l’attelage et j’aimerais bien essayer le polo. Le TREC est une discipline intéressante quand c’est bien fait. Le contrôle du cheval et l’attitude du cavalier sont les mêmes que dans l’équitation classique. Il est difficile pour moi de comparer le TREC et le Complet, mais il est vrai qu’il y a des rapprochements entre les deux. On peut considérer que le TREC pourrait permettre de mettre un pied à l’étrier pour le CCE. »

Le TREC, en quoi ça consiste ?

Mathieu Lhuillier : « Le TREC, comme le Complet, comprend trois tests différents :

Le POR (Parcours d’Orientation Régularité) : cela demande une bonne gestion de l’effort du cheval et des connaissances en topographie. 20 minutes avant le départ, chaque cavalier découvre et reporte sur sa carte un itinéraire de 12 à 50 km, selon le niveau. Il devra le respecter scrupuleusement par la suite. Des postes de contrôle, dont il ignore l’emplacement, sont disséminés le long du parcours. Au départ et à chaque contrôle la vitesse idéale à réaliser sur le tronçon à venir est indiquée. Cette partie se passe en équipe et en général, tous les cavaliers y arrivent, même ceux qui n’ont pas de sens de l’orientation ! Et le fait de partir à l’inconnue à plusieurs crée une ambiance géniale.

La maîtrise des allures : dans un couloir de 1,50 m de large et de 100 ou 150 mètres de long, selon le niveau, il faut aller au galop le plus lent possible, et revenir au pas le plus rapide possible, sans rupture d’allure et sans sortir du couloir. Autant dire que pour exceller là-dedans, il faut un cheval parfaitement dressé, qui maîtrise entre autres la rectitude et le rassembler.

Et enfin le PTV (Parcours en Terrain Varié) : le cavalier doit franchir entre 12 et 18 difficultés selon le niveau dans un temps donné. Naturelles ou simulées, elles reproduisent des situations que le cavalier et son cheval peuvent rencontrer en pleine nature. Il s’agit de les franchir dans le calme et en toute sécurité. Gué, haie, escalier, fossé, passerelle, slalom, portail, branches-basses, tronc … Les difficultés s’enchaînent, alternant tronçons sautant rapides et passages techniques nécessitant calme et minutie.

C’est cette dernière partie qui nous intéresse. Le but n’est pas de faire peur aux cavaliers. Si l’on ne se sent pas capable à cheval, on peut par exemple franchir la difficulté à pied. On peut aussi choisir l’allure. Par contre il faut que le cheval conserve la même allure avant, pendant et après la difficulté (la zone est délimitée). Et à petit niveau, il y a un joker, c’est-à-dire que le cavalier peut ne pas franchir une difficulté si celle-ci lui fait peur, il ne sera pas éliminé pour autant. Une note de style est aussi attribuée au cavalier, comme en Hunter.

Très rapidement, les cavaliers sont plus sereins en terrain varié. Ceux qui ne veulent absolument pas entendre parler de fixe vont commencer par s’intéresser aux difficultés non sautantes, puis petit à petit ils vont franchir un petit contrebas, un petit tronc, etc. Ainsi ils prennent goût au fixe et pris dans le feu de l’action, ils finissent tous par y aller sans se poser de questions !

Depuis deux saisons, on peut trouver des concours « spécial PTV», c’est-à-dire où on peut ne faire que cette partie. Comme si en Complet on pouvait ne faire que le cross. Les cavaliers de tourisme pur sont encore hostiles à ce principe, car pour eux, ça dénature le TREC. Moi je crois au contraire que beaucoup de cavaliers peuvent s’y intéresser d’avantage si on développe les spéciales PTV. »

Comment avez-vous appris à connaître le TREC ?

« En fait j’ai réalisé ma formation moniteur dans un club très académique, qui ne pratiquait que le CSO et le dressage. J’avais l’impression que les cavaliers s’ennuyaient et j’ai cherché de nouveaux exercices pour les amuser. Je me suis mis à leur faire faire des exercices de TREC et ça leur a tout de suite plu. Moi aussi, ça m’aidait à me structurer car les difficultés de TREC mettent forcément l’élève dans une situation où la seule solution pour réussir sera de bien monter. C’est le principe de la pédagogie active. Pour conclure, c’est donc éducatif à la fois pour le cavalier, pour le cheval et pour l’enseignant ! »

HF