L’Hiver, le temps des stages (récit d’un adhérent)
Une journée pas comme les autres…, récit d’une expérience riche d’enseignements racontée par l’un de nos adhérents.
Tout a commencé le lundi 4 Décembre 2017 lorsque je me suis lancé dans ma petite navigation quotidienne sur le site internet de FRANCE COMPLET. Et si donc j’allais voir à l’onglet « entrainement » moi qui avais déjà raté un récent stage organisé par Mécanique Equestre au Pôle Européen du Cheval du Mans, malheureusement annulé au dernier moment. Et là bonne surprise je découvre par hasard que Jean-Luc Force organise une cession de stages du 4 au 8 Décembre 2017 chez lui à Colonard-Corubert dans le Perche. Inratable pour moi puisque j’habite à proximité.
Un petit coup de fil plus tard et rendez-vous est pris pour le Jeudi 7 Décembre 2017. Deux séances sont prévues : plat le matin comme il se doit et obstacle l’après-midi pour vérifier que tous les boutons sont en place.
A mon arrivée à La Marinerie je trouve un endroit charmant parfaitement typique du Perche : petits vallons, chemin creux tortueux, herbages verdoyants, haies vives, bois giboyeux et même un joli ruisseau qui permet d’irriguer le tout, un véritable tableau! A travers les grandes vitres du club house installé au sein même des écuries, on aperçoit le célèbre Crocus Jacob âgé de 27 ans, objet de toutes les attentions qui déambule gentiment au loin, emmitouflé dans une bonne couverture d’hiver, accompagné par un poulain dégourdi à qui il apprend à s’émanciper de sa mère. Qu’il en profite bien celui-là et qu’il enregistre attentivement les récits de son grand ancien sélectionné Olympique à Sydney en Australie en l’an 2000, vice-champion du monde par équipe et 8ème individuel à Jerez de la Frontera en 2002, et vice-champion d’Europe par équipe à Punchestown en Irlande en 2003 entre autres. Quel palmarès !
En contre-bas, Jean-Luc Force est en train de faire travailler une cavalière sur la carrière en sable blanc de Concept sol, parfaitement drainée et entretenue. Une nécessité dans notre contrée parfois pluvieuse, un euphémisme! Un petit café à la main offert par Dobrina, la maitresse de maison, je savoure le spectacle avec les autres stagiaires déjà passés entre les mains du maître. Une selle de dressage sur le dos, un beau cheval de complet est à l’œuvre. Et soudain Jean-Luc décide de se mettre en selle. Pour mieux percevoir et ensuite faire partager ses sensations comme je l’ai compris après. En attendant c’est un régal que de voir monter à cheval cet ancien écuyer du Cadre Noir de Saumur désormais entraineur international, ancien membre de l’équipe de France de Concours Complet et grand champion avec son fidèle et génial Crocus.
Enfin mon tour est arrivé. Quel bonheur pour un cavalier que de pouvoir avoir accès à une telle sommité de notre sport et pourtant d’une si grande simplicité. Le tutoiement entre nous est immédiat. Après une rapide présentation de mon cheval afin de connaitre nos objectifs, j’ai droit à un « très bien, montre-moi maintenant comment tu montes ton cheval habituellement». Jean-Luc observe en silence pendant quelques minutes puis il m’interroge. Est-ce qu’il a une main qu’il préfère ? N’a-t-il pas un jarret un peu plus faible que l’autre ? Est-il toujours bien droit ? Visiblement Jean-Luc commence son audit d’une part en s’assurant qu’il ne me froissera pas mais aussi probablement en vérifiant quel est mon niveau de ressenti. N’est-ce pas ce que l’on appelle le tact équestre ? Puis il me demande de descendre, il veut avoir confirmation à cheval de son premier sentiment à pied.
L’entraineur des hommes redevient alors l’entraineur du cheval et le grand cavalier instructeur qu’il est. Il vérifie toutes les commandes, il s’assure de la perméabilité des aides et il commence à faire travailler le cheval lui-même tout en ne tarissant pas d’explications à voix haute. L’épaule en dedans et les transitions montantes et descendantes lui permettent de vérifier la souplesse et l’équilibre du cheval. Jean-Luc Force prend son temps afin de pouvoir rendre un verdict aussi précis que possible. C’est un véritable « passage au marbre » comme il le dit lui-même qu’il fait subir avec délicatesse et attention au cheval. Et enfin le diagnostic tombe : à 12 ans on ne changera pas tout ! Mais avec un peu de travail on pourra remettre bout à bout les éléments qui dysfonctionnent (je me doutais bien qu’il y en aurait et puis je suis venu pour ça !) et on pourra ainsi retrouver plus de fluidité et de facilité dans les mouvements. Allez, à moi de remonter à cheval pour mettre en application les conseils de l’Ecuyer: à l’issue de la séance je ne sais pas qui sera le plus fatigué de moi ou de mon cheval. J’ai en tous les cas pris conscience de l’exigence que réclame un travail sur le plat juste et bien exécuté. N’est-ce pas Nuno Oliveira qui affirmait : « l’épaule en dedans est l’aspirine de l’équitation, elle guérit tout ».
Jean-Luc Force ne s’en prive pas non plus même si une simple « épaule en avant » lui suffit à condition cependant qu’elle soit quasi-permanente pour veiller à l’engagement du postérieur intérieur sous la masse. Il fait également référence au Colonel de Saint André, l’ancien Grand Dieu du Cadre Noir, qui mit au point un enchainement de cercles permettant de faire travailler le cheval de manières différentes avec la même incurvation. Dans notre cas nous nous limiterons à répéter un enchainement de trois cercles comme si nous démarrions la première boucle d’une serpentine en épaule en dedans puis sur la même incurvation la deuxième boucle hanche en dedans pour enfin reboucler de nouveau dans l’épaule en dedans. C’est à cet instant précis que la tension de la ligne du dessus après le redressement de l’encolure doit permettre une poussée des jarrets parfaitement rectiligne. Pour être efficace néanmoins, la propulsion doit être maintenue tout au long des exercices qui s’enchainent et cela aux trois allures. Simple à dire mais beaucoup moins quand on est à cheval !
Après une pause déjeuner salutaire, l’après-midi était consacré aux barres : des barres au sol tout d’abord, de chaque côté de la carrière, qu’il fallait passer au galop avec trois foulées entre deux pour vérifier l’obtention et le maintien de la bonne cadence et de la régularité de l’allure. Point de passage obligé avant de se lancer sur un parcours. Puis des lignes à quatre ou cinq foulées courtes en diagonales avec deux objectifs principaux : le contrôle et la tension favorisant la qualité du saut d’une part, et la préparation du changement de pied en fin de diagonale par l’inversion progressive de l’épaule en avant. Car c’était bien cette exigence d’un galop dans l’épaule en avant qui faisait le lien entre la séance du matin et celle de l’après-midi ; Jean-Luc Force est intransigeant sur ce point. La séance se terminait par un petit enchainement incluant une ligne centrale avec un double, qui demandait un véritable effort de concentration pour respecter le tracé idéal et les contrats de foulée imposés à la manière d’une épreuve de Hunter équitation … ce qui ne fut pas pour me déplaire !
Bref une journée intense, pleine d’émotions et de bonnes sensations, où travail et plaisir se sont conjugués avec bonheur dans un cadre enchanteur. Dobrina et Jean-Luc Force se sont construit un havre de paix autour des chevaux où tout est confortable et fonctionnel. Ils peuvent même rejoindre par des chemins leur ami François Roemer dont le centre d’élevage est mitoyen de leur propriété située en plein cœur du Parc Naturel régional du Perche. J’attends désormais avec impatience et enthousiasme comme tous les autres stagiaires présents dont certains venaient de très loin, les prochaines dates de stage. Et merci encore à France Complet d’assurer le lien entre nous tous. Vive l’hiver ! »
Géry Bailliard
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