Lionel Guyon ou l’esprit d’équipe

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Cet article a été publié le : 05 septembre 2010 à 10h44
Lionel Guyon ou l’esprit d’équipe


Lionel Guyon, sélectionné pour les Jeux Mondiaux de Lexington, a sans doute rejoint Deauville, le cadre du stage de préparation aux Mondiaux de Lexington, le cœur léger, avec des rêves secrets. Quoi qu’il en soit, sa sélection ne doit rien à personne. La consécration d’une carrière de cavalier exemplaire qui mérite enfin d’endosser le costume de pilier de cette formation tricolore.

C’était un matin de juillet, le 23 – 2008.

Là, une noria de caméras, de micros, de journalistes, le service de presse de la Fédération au complet annexaient le centre hippique, les plages de Saint-Martin de Bréhal, le repaire de Thierry Touzaint, là où l’entraîneur national réunissait ses troupes avant chaque grande échéance internationale.

Le complet, à l’époque, concentrait l’attention du monde de l’équitation sportive. Un peu à la surprise générale. Les cavaliers en étaient les premiers étonnés. Le complet, à l’époque, cachait la misère d’un  saut d’obstacles à la recherche d’une nouvelle identité, notoriété. C’était un temps où Kevin Staut n’était pas encore champion d’Europe, les Bleus ne caracolaient pas en tête de la Super Ligue… C’était la veille des Jeux olympiques. Tout le monde misait sur le complet, pourvoyeur de médailles depuis plus d’un décennie, pour redorer l’image la France équestre. On connaît la suite. Mais, prenons garde, la roue de la vie tourne vite.

Lionel : « Galoper en équipe ? C’est un bien fou »

Ce 23 juillet 2008, près de Granville, Lionel Guyon apprenait, lui, qu’il ne serait pas du voyage pour Hong Kong (avec Kaline de Dun) « Sincèrement, je n’ai jamais eu la prétention de prendre la place des autres couples, assurait-il. Ils sont vraiment au top. Pour être intégré dans l’équipe, il aurait fallu que mes coéquipiers connaissent une mésaventure. Ce que je ne pouvais pas souhaiter. » Du Lionel Guyon dans le texte, la traduction d’un homme intègre, raisonné et raisonnable. Un homme qui, s’il n’a pas toujours été épargné par la guigne, aura toujours su se relever, droit dans ses bottes, remettre l’ouvrage sur le métier. Cette fois, après avoir endossé la casaque bleue, à Fontainebleau, lors des championnats d’Europe (15e en individuel avec Métisse de Lalou), le voilà promu titulaire en équipe de France pour les Mondiaux. Une sélection qu’il mérite cent fois, en selle sur Métisse de Lalou. Avec cette soif de croquer sa vie de cavalier à pleines dents. Une sélection d’une saveur toute particulière dans une discipline d’essence individuelle.
« J’affectionne ces épreuves par équipe. Cela fait un bien fou, c’est une émulation. » A l’époque, Il insistait. « Si en complet, c’est toujours « Le temps des copains », on galope tout de même les uns contre les autres. À l’inverse pour un Mondial, comme ici, on met pied à l’étrier les uns avec les autres. »


Aurait-il changé de credo ?

On le dit pilier du futur carré d’AS que choisira Laurent Bousquet. On le voit même assumer la responsabilité de jouer les ouvreurs en partant en n°1 sur le cross. Lui, toujours à l’époque, revendiquait avant tout son statut de coéquipier. « C’est en même temps très agréable, mais c’est une vraie responsabilité. Ce rôle d’équipier, de coéquipier, me va parfaitement, je le revendique. A moi de remplir mon rôle au mieux. » Aurait-il changé de discours ? Et il parlait de Métisse de Lalou. « Sur le cross et l’hippique, elle peut être d’un précieux secours. Elle galope et survole assez bien les obstacles. En dressage, elle s’est aussi bonifiée. On peut compter sur elle. » Aurait-elle perdu de ses qualités ?

S’il n’est pas tout jeune, la quarantaine passée, Lionel flirte enfin avec le haut niveau depuis une bonne vingtaine d’années. « Endosser la tunique tricolore, j’en rêve depuis toujours, sans en faire pour autant des insomnies. Ce n’est que du bonus dans ma carrière. Une carrière dont je reste assez fier, même si je l’ai un peu passée dans l’ombre des stars. »

Aurait-il perdu cette soif de gagneur ?

Non ! Alors permettez-nous de rêver à notre tour. A sa réussite à Lexington, pour le bien de l’équipe de France.

Guy Fichet avec Patricia Capelle