L’Irish Sport Horse : un cheval de Complet pour tous les niveaux !

Shear l’Eau, le cheval Olympique de Leslie Law, était un Irish Sport Horse (photo Ted Cushny)

L’Irish Sport Horse est le premier stud-book de Concours Complet dans le classement WBFSH, mis à jour au mois de mai, avec comme chefs de file : Mr Medicott, Arthur, Imperial Cavalier… C’est une race

Irlandaise, comme son nom l’indique, assez méconnue en France, mais qui mérite sans doute qu’on y accorde plus d’importance. C’est en tout cas ce qu’a compris Estelle Cavalli après avoir travaillé 5 mois en Irlande à la fin de ses études, et qui a décidé d’élever ces chevaux incroyables en France. Désormais gérante de l’élevage Wish en Basse-Normandie, elle nous fait l’éloge de cette race dont le maître mot est : praticité.

Qu’est-ce que l’Irish Sport Horse (ISH) exactement ?

« Il existe trois stud-book en Irlande : le Draught Horse (prononcé « drauft »), qui est un cheval de trait léger (nous n’avons pas vraiment d’équivalent en France), le Pur-sang Irlandais (qui est un peu plus osseux que nos pur-sang Français) et l’ISH. En fait, l’ISH est à l’origine un croisement de Draught et de Pur-sang. Bien sûr, au fil du temps il arrive que la génération de Draught dans les papiers du cheval soit tellement éloignée qu’on ne la voit plus apparaître, mais il arrive encore maintenant qu’on croise un Pur-sang avec un Draught. »

Un exemple d’Irish Draught (photo Benmar Farm)

Quelles sont les caractéristiques de cette race ?

« Comme l’ISH est un mélange par définition, on peut trouver un peu de tout, comme pour le Selle Français. Cependant, ils sont tous (à une ou deux exceptions près) extrêmement pratiques d’utilisation. Ils sautent généralement très bien et quand leur lignée est plus proche du Pur-sang, ils ont généralement beaucoup d’influx, mais leur mental reste froid. Ce sont des chevaux de sport assez osseux, très solides et endurants. Ce sont des chevaux de cross par excellence, qui donnent toujours le maximum, quel que soit le niveau d’épreuve. En dressage, ils possèdent une locomotion pas désagréable et comme ils sont pratiques, ils déroulent la plupart du temps des reprises très propres. Evidemment, ce ne sont pas des chevaux pour aller gagner en dressage pur à haut niveau, mais à moyen niveau, ils sont très sympas ! »

Comment en êtes-vous venu à élever ces chevaux ?

« Je suis allée travailler cinq mois près de Galway dans plusieurs structures différentes (un centre équestre et deux élevages). A ce moment-là, je n’avais pas de cheval et j’avais tout juste débuté la compétition en Concours Complet en Amateur. Ce qui m’a frappé chez les chevaux dont je m’occupais là-bas, c’était à quel point ils étaient pratiques et gentils ! Les Irlandais ont une autre approche de l’équitation. Ils font beaucoup de chasse à cour, et les chevaux ont l’habitude de sauter très jeunes des obstacles complètement naturels. Je suis revenue en France avec une jument de 3 ans, dont je n’avais absolument pas le niveau, mais ça s’est très bien passé car ce sont des chevaux tellement gentils qu’ils pardonnent toutes les maladresses. Ensuite, une des éleveuses chez qui j’avais travaillé avait d’excellentes souches représentées en Internationaux à la fois en CSO et en Complet. Comme elle avait 75 ans, j’ai souhaité récupérer ces souches afin de perpétuer la race en France. C’est ainsi que j’ai créé officiellement l’élevage Wish l’an dernier, avec trois poulinières : Gurraun BB Sea, Gurraun Royal Deal et Sweatix. J’ai aussi Gurraun Simona, qui tourne actuellement en CCI** et qui ira à la reproduction d’ici quelques années. Mes premiers poulains inscrits au stud-book ISH ont donc 1 an. »

Un poulain ISH de l’élevage Wish

Comment expliquez-vous, si cette race est si géniale, qu’elle ne soit pas plus connue ?

« Les Irlandais ne sont pas les champions du monde de la communication ! Ils sont sur leur île et ne cherchent pas forcément à faire parler d’eux. Dans les autres pays Européens, on trouve très peu d’élevages d’ISH. En France, je crois que nous sommes 3 qui élèvent en pur souche sur tout le territoire ! Il y a donc peu de gens qui connaissent mais tous ceux qui connaissent sont très fans. Par contre, je déconseille d’aller acheter directement en Irlande si vous n’avez pas de contact là-bas. Ils sont très gentils mais ce sont des filous quand on parle commerce ! »

Propos recueillis par Hedwige Favre