Marie-Line Schauly : « J’ai beaucoup de chance »

Portrait
Cet article a été publié le : 16 septembre 2010 à 13h46

On aurait pu interviewer Donatien, comme cela a été fait pour Karim Laghouag, Jean Teulère, Arnaud Boiteau, Pascal Leroy ou Lionel Guyon. Pour le cadet de la sélection, celui qui, n’ayons pas peur des mots, peu surprendre tout le monde à Lexington tant il a la gagne chevillée au corps, nous nous sommes permis d’appeler sa maman.  Elle ouvre son cœur sur son fils chéri. C’est beau, émouvant ! C’est long aussi, mais c’est une belle page d’écriture qui vous fera rêver. A lire et relire sans modération.

Au début de l’année, nous avions parlé à France-Complet de la saison Schauly ? Vous partagez ce point de vue ?

« Cette année Donatien a fait une excellente saison, c’est vrai ! Tout a été très vite et il c’est fait un nom… Ou plutôt un prénom ! Allez, sans vouloir être prétentieuse, la maman partage votre point de vue. »

Que votre fils se retrouve qualifié pour les Jeux Mondiaux doit vous procurer un immense bonheur ?

« Cette sélection nous n’osions pas y croire. On se dit que ca n’arrive qu’aux autres. Cela fait tant d’années que  je regarde avec admiration tous ces cavaliers de haut niveau et que souvent je me disais : mais comment font ils ? Comment faire pour atteindre ce niveau ? C’est un peu magique d’y être arrivé, Vous savez c’est une récompense énorme d’années de formation. Je l’ai tenu, une année entière, à l’âge de trois ans, au bout d’une longe pour lui apprendre à s’équilibrer, puis je l’ai emmené de concours en concours tous les week-ends. Nous avons chanté des heures ensemble  en rentrant de concours avec le van derrière la voiture. Ce sont des souvenirs extraordinaires. Alors quand, en plus, cela se termine comme ça, je crois que j’ai beaucoup de chance… Oui beaucoup de chance ! »

« Il nageait bien »

Mais, au fait, qui est exactement Donatien (voir aussi ci-dessous, dans son portrait) ? Ses qualités, ses défauts ?

« Donatien est l’ainé de mes enfants. Il est ADORABLE depuis tout petit, jamais de bêtises, toujours souriant, toujours agréable, presque parfait !!! Presque parce qu’ il pourrait me lire ! Allez quelques défauts,  heu……Vraiment je ne sais pas ! Juste quelques adjectifs :  perfectionniste, sérieux (parfois un peu trop pour son âge), discret, volontaire. Tout nos amis me disent :  « On voudrait le même ! »

Comment est-il tombé dans cette marmite du concours complet ?

« Il a fait son premier concours complet à 6 ans avec Domino, un  poneys B, et il a gagné ! Il était minuscule mais, à l’époque, c’était l’ainé et moi il me paraissait grand ! Quand je revoie les photos cela me parait impossible :  on dirait un bébé !  Il a toujours aimé le dressage depuis tout petit. En fait, il n’est pas vraiment tombé dans la marmite, on l’a un peu jeté dedans. Et comme il y nageait bien, et bien on a touillé touillé  avec une grosse cuillère et voilà tout. »

Et pourquoi porte-il l’uniforme militaire ?

« Après son bac, le jeune homme nous annonce qu’il veut faire son métier dans les chevaux. Soit ! Mais alors, lui dit son père, tu seras militaire car cavalier professionnel n’est pas un métier. Comme papa est dans les sports équestre militaires et que fiston a déjà quelques bons résultats en compétition, il intègre, après un an d’école militaire de sous officier à Saint-Maixent, le CSEM à Fontainebleau. Là,  on lui confie des jeunes chevaux et un cheval d’âge, puisqu’il récupère Erion, avec lequel il a fait ses armes en junior. C’est avec Erion qu’il commencera à se faire remarquer sur le grand national. »

« Quand Donatien est là, les yeux s’écarquillent »

Si l’on vous dit qu’il est un peu un Nicolas Touzaint. Sans peur, pétri de qualités, un fonceur, un gagneur. Que répondez-vous ?

« Nicolas était mon cavalier préféré ! Mais Nicolas reste Nico et Donatien reste Dona, l’ intérêt c’est d’avoir de jeunes bons cavaliers en France. J’espère que Dona aura autant de réussite que Nicolas. Je sais que dans ce sport on peut vite ne plus rien être, tout dépend tellement des chevaux. »

Dans votre club, il doit être un peu le champion deréférence. Rentre-il souvent à la maison, vient voir vos élèves ?

« Mon club est un petit club familial que j’ai créé il y a 5 ans à notre arrivée à Saumur. Une écurie de propriétaires et un poney club m’occupe à temps plus que complet. Evidemment, le complet est la discipline de prédilection de la maison et de nombreux cavaliers, notamment à poney, ont de bon résultats. Quand Donatien vient, il est vrai que des yeux s’écarquillent, surtout chez les petits compétiteurs. Mais peu de gens connaissent et savent ce que fait Donatien, ceux qui savent c’est qu’ils ont lu le journal. Je ne suis pas très bavarde à ce sujet. »

Vous imaginez qu’il vous ramène une médailles des Etats-Unis ?

« Je n’imagine rien, je sais que ce sera une expérience extraordinaire, qu’il est jeune, que son cheval est jeune aussi, que Seculaire n’est qu’un petit pur-sang, que sur une grosse échéance tout peut arriver, qu’un cheval c’est fragile surtout à ce niveau. Je n’imagine jamais rien, je n’ai jamais rien imaginé, ce n’est pas dans ma nature, je n’ arrive même pas à réaliser encore que ce voyage n’est pas un rêve. Et puis j’ ai un peu peur, plus que lui sans doute, donc je le regarderai en me mordant les doigts à la télé …SI …tout se passe bien jusque là. »

Comment allez-vous vivre ces Mondiaux ?

« Nous ne pourrons pas, mon mari et moi, faire le voyage. Décision familiale, tout le monde y va ou personne. Le prix du voyage restant élevé la décision de le regarder à la télé sera prise. Donc nous vivrons cet évènement à la maison. Un bon forfait international pour le portable et cela devrait aller. Mais bon c’est pas pareil, on ne réalise pas de la même manière que si on n’y était. Quand il passe à la télé,  je n’ai pas l’impression que c’est lui. Une chose est sûre, c’est que mon cœur va battre très fort. »

Question libre ?

« Je crois que vous venez d’interviewer une maman, heureuse, fière, consciente de l’être. Mais derrière elle, il y a avant tout, une famille qui vit pour et avec les chevaux, qui les aime. Et quoi qu’il arrive de l’autre coté de l’Atlantique, ils seront toujours objet de passion et de bonheur. On me demande souvent : mais comment vous faites ? Je ne sais pas vraiment, enfin si un peu quand même, mais cela c’est mon secret de maman que je cache derrière mes larmes et mon sourire. Vous appellerez cela comme vous voulez, mais voilà j’ai tout dit, certains me comprendront, d’autres moins.

Et pour Dona …. allez poupou ! »

Recueilli par Guy FICHET. A suivre : Donatien Schauly en quelques mots.