Maxime Livio : « la sagesse au service du talent »
Il n’est pas encore sur le podium ! Mais, quel que soit le parcours de saut d’obstacles qu’il galopera ce dimanche, fièrement, en selle sur Jaipur II, Maxime Livio aura marqué ce Master de Pompadour. Terminer sur les talons des sabots de Galan , relève de la performance pour un garçon ralenti, la saison dernière, dans son envol sur la galaxie du complet.
Maxime Livio, puisqu’il s’agit de lui, avait frappé les esprits, le nôtre du moins, par un bel après-midi d’hiver à Saumur. C’était le 1er mars 2009, date à laquelle l’Ecole Nationale d’Equitation accueillait la deuxième étape du Grand National. (Il terminera 6e au final)
Notre étonnement surprit Philippe Mull, l’entraîneur national des jeunes cavaliers. Lequel, d’ordinaire si modéré et prudent dans ses propos, osait, pour une fois, employer le superlatif en évoquant la carrière de son jeune protégé au Pôle Espoir de Saumur. « Un cavalier de sa trempe ? On n’en voit émerger qu’une fois tous les dix ans. Le dernier en date ? C’était Nicolas Touzaint ». Un prodige, « un futur grand et c’est intéressant pour l’équipe de France », enchaînait Thierry Touzaint.
Il aura le sourire mais ne s’enflammera pas
Et ce, d’autant que le Dijonnais, de naissance, possède, en Jaipur II, une carte maîtresse dans son jeu où il n’est pas plus dépourvu d’AS. « Jaipur II me comblait de bonheur en juniors, chez les juniors. Je lui trouve, aujourd’hui, sur le Grand Tour les mêmes qualités. C’est aussi imprévisible que fantastique. Rien ne semble lui faire peur, il galope toujours avec autant d’allant, de coeur et de talent. C’est une source de motivation personnelle. »
Une dernière phrase que Maxime peut s’approprier dans un futur CV. On dit en effet que l’on se relève toujours grandi, plus fort mentalement, moralement après un accident de vie. Mais encore faut-il y ajouter talent, allant, cœur pour remonter au zénith, comme l’éclair, comme l’a fait Maxime. Que ses supporters enfin n’aient de crainte, Maxime Livio y ajoute la lucidité qui l’empêche de s’enflammer comme feu de paille.
Il en fallait du caractère, après cette malencontreuse chute de cheval qui lui brisa le fémur et la clavicule à Jardy et le condamna à remiser étriers et selle au placard pendant près de 4 mois. A dire adieu aux championnats d’Europe de Fontainebleau qui paraissaient lui être promis.
L’homme qui rêve de rejoindre sa Côte d’Or, de s’installer dans ses propres murs (c’est peut-être fait), entourés de chevaux, était né sage et a appris à raison garder. Mais ne renoncera jamais. « On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Je suis bien placé pour le savoir. Je me refuse à brûler les étapes, même si les résultats suivent. Mais j’ai cette soif de réussir, ne serait-ce que pour tous les gens qui me soutiennent. »
Ce soir s’il se retrouve sur le podium de ce championnat de France, Maxime aura le sourire radieux. C’est certain. Puis il s’interrogera devant les caméras, les micros ou les stylos des journalistes. Un peu amusé. « Moi un espoir de la discipline ? A bon ! je me dois donc de tenir le rang, de travailler encore et encore, avec cette chance de pouvoir compter sur de bons conseillers. »
C’est simple la vie de champion.
(Actuellement 3ème et premier après les deux premiers tests de la compétition.)
Guy FICHET avec Patricia CAPELLE.