Michel Asseray fait le point sur la reprise de saison
Alors que la reprise des concours pour tous se confirme, le DTN adjoint au Complet nous accorde une interview exclusive pour répondre aux questions que tout le monde se pose.
Tout d’abord, comment Thierry et toi avez-vous vécu ce confinement ?
« Quand on est habitué à vivre dehors et au contact des gens comme le veut notre métier, on s’est senti un peu seul. Mais on a réussi à relativiser car il y a des gens qui ont vécu des choses bien plus graves et tristes que nous. J’ai une très grosse pensée pour tous ceux qui ont été touchés par la maladie et les soignants. »
Les concours SHF reprennent demain, mais qu’en est-il des autres niveaux ?
« On va reprendre les compétitions pour tous les niveaux à partir du 22 juin, avec des protocoles sanitaires comme il y a déjà un peu partout. Mais tout le monde a souffert de cette crise, y compris les organisateurs qui n’ont pas pu mener leur concours à terme, les partenaires qui sont un peu échaudés…, il y a de l’inquiétude pour tout le monde.
Retrouver les compétitions tout de suite comme s’il n’y avait pas eu de confinement, il ne faut pas y croire. Les organisateurs ne peuvent pas organiser à perte, donc les moyens (et notamment les dotations) seront peut-être moins importants, mais il faut les comprendre aussi. On a une discipline solidaire et on doit encore le prouver pour cette reprise ! »
Quid des épreuves Pro ? A-t-on un peu de visibilité ?
« Jardy et Sandillon vont faire leur International comme prévu en juillet. Le Grand Complet au Haras du Pin sortira également comme prévu en août. On est actuellement en train de réfléchir si on peut repositionner un Grand National, mais c’est très difficile car il y a les concours existants, donc c’est beaucoup d’échanges entre tous les organisateurs. En tout cas l’étape de Vittel fin juin n’aura pas lieu, c’est une certitude.
Le Mondial du Lion veut maintenir une finale au moins pour les 7 ans, mais ce ne serait pas raisonnable de le faire avec des 6 ans qui auront très peu couru d’ici octobre. Les 7 ans en revanche sont qualifiables (entre Jardy, Sandillon et Le Pin, il y avait déjà trois épreuves qualificatives de prévu donc c’est une possibilité), maintenant il faut qu’on arrive d’ici octobre à faire venir tout le monde au Lion d’Angers…
On ne fait pas beaucoup de commentaires officiels car dès qu’on annonce quelque chose, ça part dans tous les sens. On ne veut pas faire de la presse à sensation juste pour alimenter les débats, alors on a pris le parti de n’annoncer que ce qui est certain. »
Et pour les Amateurs ?
« On réfléchit à un projet sportif pour TOUS (Club, Poney, Amateur et Pro). Il y a donc beaucoup de concertations entre les élus pour essayer de sortir ça au 2ème semestre. Le Championnat Amateur devrait avoir lieu, mais il faudra qu’on adapte les qualifications, et ils seront peut-être intégrés dans un projet commun. Pour les Jeunes, on va remettre des épreuves de Tournée des As. Il y en a aussi à requalifier donc plutôt sur des Internationaux. On travaille donc avec Pascal Forabosco et Emmanuel Quittet à leur trouver un programme adapté. »
Concernant les membres du Groupe 1 ?
« Il va y avoir des échanges tripartites avec les cavaliers, les propriétaires et l’entraîneur pour voir ce qu’on imagine pour ces chevaux. On sait que pour la qualification Olympique, les chevaux qui étaient déjà qualifiés le resteront, mais il faudra quand même recourir un CCI4*S. En soi c’est assez facile mais reste à voir s’il faut le mettre dès la fin d’année ou début 2021. Donc ça va être un peu à la carte, on reste à l’écoute de chacun. On sait que Pau va avoir lieu donc ça peut être un bel objectif de saison. »
Concernant la sécurité, qui était le sujet principal avant le confinement, y a-t-il eu des avancées depuis le début d’année ?
« On a travaillé pendant cette période avec les membres du comité de pilotage sécurité par visioconférences, qui ont fait des propositions à la commission de CCE. On a donc pris des décisions assez importantes sur ce sujet, notamment :
– lancer une campagne SÉCURITÉ « Tous concernés »
– organiser des forums sécurité sur les étapes du Grand National et championnats
– interdire les bords d’attaque à angle droit sur les obstacles larges
– mettre en place des formations de constructeur d’obstacles
– remettre des reconnaissances officiels
– faire une formation continue des chefs de piste en suivant leurs statistiques avec un système d’alerte s’il a 25% d’éliminés ou 3% de chutes
– mettre en ligne un guide pour les chefs de piste (utile aussi pour les coachs et cavaliers)
– établir des rapports de chute très détaillés pour obtenir une banque de donnée pointue (lieu, sol, conditions, obstacles, climat…)
– nommer des experts dans chaque région pour soutenir les officiels
– en cas de 2 « monte dangereuse » sur 12 mois, les cavaliers devront courir sans pénalité aux obstacles des épreuves du niveau inférieur
– mettre en place des quiz pour vérifier les connaissances des cavaliers qui s’engagent dans cette discipline lorsqu’ils prennent leur licence
– organiser des journées de formation coach et enseignant CCE en région
– mettre en place des tuto CCE sur le campus FFE (cavalier, cheval, obstacles, planification saison, coach….).
J’ai aussi réalisé en mars une visite au CRITT (laboratoire d’essai de matériel de protection) pour voir comment était réalisé les tests sur les casques et gilets de cross. Il s’avère que les casques sont 400 fois moins résistants au deuxième impact qu’au premier, ce qui est assez inquiétant. »
Le mot de la fin ?
« On sort d’une période inédite un peu compliqué, à nous, tous ensemble (FFE, France Complet et tous les autres), de ressortir la tête et de retrouver le sport qu’on aime bien. On va sûrement passer par des concours un peu moins classe, moins bien dotés, etc. mais l’essentiel c’est que le sport reparte et que les cavaliers soient indulgents. »
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Propos recueillis par Pierre Barki